Vie continue

J'aurais pu appeler ce blog "Pensées", ou "Réflexions" ou "Chroniques d'une vie ordinaire", que sais-je ? J'ai choisi Vie continue car à chaque tuile qui tombe,il faut à chaque fois, non pas repartir - car on ne s'est pas arrêté - mais continuer: il n'y a pas d'autre alternative. Continu ou alternatif, maintenant vous êtes au courant !

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jeudi, avril 18 2024

Au café

Ce matin, vu le temps, je serai bien resté chez moi à bouquiner, mais j'avais un rendez-vous en ville...
Ayant terminé, je me dis qu'après tout, j'apprécierai bien un peu la compagnie des hommes. Qui plus est je n'ai pas encore déjeuné, or je connais une boulangerie qui fait de bons croissants, non loin d'un bar où j'apprécie parfois de traîner. Je connais la serveuse, c'est la fille d'un pote, et elle est toujours souriante. Je me rappelle l'époque où elle n'était encore qu'une toute petite fille, Dieu que le temps passe ! 😊
Ça fait un moment que je ne suis pas venu: je ne fréquente plus si régulièrement ce genre d'endroit depuis longtemps. Si j'y vois beaucoup de visages connus, il y a aussi de nouvelles têtes, jeunes pour la plupart. Les bars ont vraiment une vie qui leur est propre: beaucoup d'habitués et d'habituées, et pas forcément seuls, bien que ce soit souvent le cas. Je remarque qu'il y a tout de même pas mal de jeunes entre vingt et trente ans.
L'avantage d'un bar est qu'en y venant régulièrement, on finit par faire des connaissances: c'est la première chose que j'ai apprise quand j'ai commencé à travailler dans une ville inconnue. En effet, mon patron m'avait dit: "quand tu ne connais personne, va régulièrement au café et tu verras qu'à la longue, tu te feras des copains." Et c'est tout à fait vrai: j'y ai rencontré parfois des gens très intéressants, et pas que des piliers de bar avec leur petit blanc. J'aime bien celui-ci, où je sais que je serai accueilli avec un sourire. Les clients sont corrects, relativement discrets, la musique est douce, l'atmosphère plutôt feutrée: quand je me rappelle la gargotte que c'était autrefois, ça a bien changé. Je me dis que je pourrais venir ici plus souvent, même avec un bouquin.
Je regarde ma montre et je n'en reviens pas: il est presque midi !
Et soudain, je me rappelle ce que je devais faire en me levant ce matin: mettre la morue à dessaler pour faire ma brandade ce midi ! Damned, ça m'était complètement sorti de la tête !

Allez, ce n'est pas que je m'ennuie ici, mais je vais rentrer. 

Salut la compagnie ! 😉

mercredi, avril 17 2024

Trop de pensées

Moment de flottement,
Errance de mouvement,
Explosion de l'esprit,
Et implosion aussi.
Penser à tout et son contraire,
Penser à rien, sans commentaire
Le corps s'emplit de maux,
La tête se vide de mots.
Puis vient la lassitude...
Remède: la solitude.
Alors reprend l'errance
Immobile: je pense.
Volonté que tout s'arrête
Ne plus penser, vider la tête...

Douleur et doute

La douleur est une vieille connaissance pour moi, mais là, elle m'ennuie car je voudrais dormir, et elle m'en empêche. Je crois savoir ce que c'est, parce que j'ai déjà vécu quelque chose de semblable il y a quelques mois. Cependant, ce n'est qu'un doute, je ne suis pas médecin. Je le vois demain. Ce n'est pas une coïncidence: je l'ai vu la semaine dernière, pour renouveler un autre traitement et vu que ça me commençait, j'en avais profité pour lui en parler....mais il n'a pas cru que c'était comme la dernière fois. Il est vrai que c'était une remplaçante qui m'avait ausculté et que c'est parce qu'elle doutait qu'elle m'a fait faire un doppler. Le verdict est tombé: phlébite sur une veine au nom barbare. Elle m'avait aussitôt mis sous anti coagulants. On m'a arrêté le traitement le mois dernier. J'ai un doute aujourd'hui, bien que la douleur soit semblable, car j'ai eu une période avec beaucoup de stress ces derniers temps : à croire que tous les problèmes arrivent en même temps, alors qu'ils n'ont pas de relations en eux.  Le problème du stress chez moi, c'est que ça déclenche plein de trucs, dont parfois des douleurs diffuses dans la poitrine, des oppressions, des fourmillements, bref le genre de choses bien faites pour entretenir l'inquiétude quand elles sont, en plus, associées à d'autres phénomènes. Pour dire la vérité, j'ai un petit ras-le-bol le bol en ce moment: j'ai l'impression que le ciel m'en veut de je ne sais quoi car rien ne fonctionne bien ou presque: des problème avec ma famille, des problèmes dans les différentes associations dont je fais partie, et en plus, ma santé qui fait des siennes, ça fait beaucoup pour un seul homme.
En attendant, il est 2 heures du matin , et j'essaie d'oublier cette douleur. Je n'ai jamais été douillet: il paraît que j'ai un seuil de douleur élevé...ce n'est pas une douleur aiguë, mais sourde qui se diffuse, s'insinue et se répand sournoisement, partant de la cheville pour remonter jusqu'au genou, puis éveille des échos dans la poitrine, et un peu les bras, surtout le gauche. J'ai essayé de prendre un livre mais je n'arrive pas à me concentrer, alors j'écris....la nuit est encore longue...

Une pensée me traverse soudain l'esprit : si un caillot se détachait là maintenant et montait à mon cœur, tout irait trés vite, et personne n'en saurait rien, d'autant que, justement ce soir, ma compagne a décidé de dormir dans l'autre chambre, soit disant pour ne pas déranger le chat qui dormait à côté de moi ! Encore un motif d'inquiétude pour moi.

C'en est trop: bien que je n'aime pas cela, je me suis levé et je viens de prendre un anti douleur: je veux pouvoir dormir...

mardi, février 13 2024

Les personnes que j'aime

Que c'est bon de marcher ainsi,
Au pied de la montagne blanchie,
Sur ce chemin doux à mes pas,
Sous un ciel bleu de bon aloi,
Si bien, seul avec moi-même,
Pour penser à ceux que j'aime,
Tout aussi loin qu'ils peuvent être,
De leur pensée, puis-je me repaître,
Et ces instants me sont si doux,
Que je ne sens plus...mes genoux

mercredi, février 7 2024

La tendresse

Cette tendresse que l'on recherche tous,
Que l'on peut ressentir pour toutes sortes de gens,
Pour certaines ou certains plus que pour d'autres,
Tendresse maternelle, tendresse filiale,
Tendresses amoureuses ou tendresses amicales,
Parfois si proches l'une de l'autre,
Ne pas se poser de questions,
Qu'on la donne ou qu'on la reçoive
La tendresse est si douce à  notre cœur,
Que, comme le dit la chanson,
Vivre sans tendresse,
On ne le pourrait pas...

vendredi, décembre 29 2023

Attendre

Depuis quelques semaines, que dis-je ? quelques mois et même quelques années, je sens sur mon corps les effets du temps: des douleurs bien sûr, des raideurs, mais aussi de petits problèmes, qui, je le sais, pourraient prendre un peu trop d'importance. Bref, je sens bien que mon corps montre des signes d'usure. L'ennui est que cela ne va pas en s'arrangeant et je sais bien que cela ira de mal en pis, jusqu'à ce que cela finisse... définitivement. Je le sais, bien que cela soit une chose quasiment impossible à concevoir: ne plus être. Si je pense à cela, c'est que depuis quelques semaines, je sens que l'usure n'est plus uniquement physique: mon moral est touché à son tour. Si je n'ai plus la même résistance qu'avant, je sens bien que je n'ai plus, non plus, le même enthousiasme: je me sens parfois effrayé par des choses que je prenais autrefois à bras le corps. J'hésite à partir seul, je crains les mauvaises conditions météorologiques, alors qu'autrefois, cela ne me dérangeait guère: au contraire, j'y trouvais même un certain charme, de même que vivre à la dure. Pourtant, j'ai toujours apprécié le confort quand je pouvais en avoir. La différence est qu'aujourd'hui, je l'apprécie tant, que j'aurai du mal à m'en passer. 

Pour résumer les choses, je sens que je vieillis, et ce, même si je garde, quelque part, un petit côté enfant, et notamment une facilité d'émerveillement. Il est tant de choses que j'ignore encore...

Je pensais à une époque être venu sur terre pour inventer quelque chose, mais la seule conclusion à laquelle je suis arrivé aujourd'hui, est que pour inventer quelque chose de nos jours, il faut beaucoup plus de savoir que je n'en aurai jamais.

Je suis à la retraite, je profite de mon temps libre : j'aime lire, alors je lis, j'aime faire de l'informatique, alors je fais de l'informatique, j'aime me promener de temps en temps, alors je me promène, j'aime faire des photos, alors j'essaie de capturer l'instant, j'aime écrire, alors j'écris (et je publie parfois ici), je m'apprendre, alors j'apprends, j'aime chanter alors je chante, parfois j'aime me faire de la cuisine alors je me fais de la cuisine, mais j'aime aussi aller au restaurant, alors je vais au restaurant, bref, je m'occupe... Mais parfois je n'ai envie de rien faire, alors je ne fais rien, mais quand je ne fais rien, je pense, alors de temps en temps, je ne peux m'empêcher de me dire que je ne fais qu'attendre, attendre et encore attendre...

samedi, avril 8 2023

Toujours le temps qui passe

Je viens de voir la photo d'un collègue d'une ancienne boîte avec laquelle j'ai bossé, il y a une trentaine d'années ( rien que de dire que cela fait une trentaine d'années, me sidère) . Je lui ai dit qu'il n'avait pas changé... 

C'est à la fois vrai et faux: il n'a pas changé dans le sens où, oui je le reconnais très bien, son visage n'a pas changé, il n'a pas de rides mais quand je me rappelle le jeune homme qu'il était il y a 30 ans et que je compare avec l'homme mûr d'aujourd'hui, il y a quand même un changement... Un regard plus fatigué peut-être ? 

Et c'est là que je me fais une réflexion sur ce temps qui passe à la fois si lentement et si vite: je le revois, jeune homme de mon âge, nous faire un exposé sur l'étude et l'analyse des zones de chalandise... je revois ça avec une telle acuité que ça ne me paraît pas si éloigné que ça, et d'ailleurs, je dois avoir les documents correspondant à cet exposé dans un tiroir de mon bureau: je les ai vus il n'y a pas si longtemps, quand je songeais à les donner à un ami commerçant encore en activité... Je me dis que si lui a changé, moi aussi, sûrement. Bien sûr, je me reconnais tous les matins, je vois que j'ai beaucoup moins de cheveux sur le crâne qu'à l'époque, et aussi qu'ils deviennent blancs, je vois que la peau s'affaisse, mais mon regard me paraît toujours semblable. L'est-il vraiment ? Je ne sais pas, sans doute que non. 

J'étais, à l'époque, un jeune directeur de magasin, et je pensais que l'avenir s'annonçait doré, même si je n'ai jamais été d'une ambition débordante: mon but était simplement de travailler juste assez pour obtenir un certain confort de vie, pouvoir nourrir ma famille, partir en vacances de temps en temps et pratiquer la montagne sous toutes ses formes, le tout avec un boulot qui à l'époque me plaisait beaucoup, encore que le côté commercial n'était pas pour moi le plus plaisant: je préférerais de loin la technique, et le service rendu aux gens.

C'était une autre époque, presque une autre vie. Celle-ci n'a pas été si facile que cela, finalement: ma vie familiale de l'époque s'est même terminé de manière assez dramatique, et ma vie professionnelle s'est terminée sur un échec, mais enfin, j'ai survécu, même si financièrement, et surtout moralement, ce fut difficile. 

Aujourd'hui, je profite de ma retraite, bien méritée à mon sens. Question santé, ça peut encore aller, même si je sais que je suis moins costaud qu'avant et que j'ai parfois de petits soucis: je sens bien que la machine commence à s'user, les douleurs du matin me le rappellent, si jamais je venais à l'oublier. Mais la vie est paisible et je n'ai pas vraiment de souci. Je sais à présent que je ne pourrai plus mener à bien certains projets que j'avais fait quand j'étais plus jeune: vers 15 ans, je m'étais dit qu'un jour je parcourrai tous les petits sentiers d'autrefois dans la campagne de Bigorre, sentiers qui existaient avant l'avènement de l'automobile, et qui disparaissent aujourd'hui, n'étant guère plus utilisés, et que j'en ferai un guide qui les réhabiliterait. Je laisse tomber: d'abord la Bigorre n'est plus mon terrain de jeu et ensuite je commence à avoir des problèmes quand je marche, je vais donc me réserver pour autre chose. Il y a aussi quelques ascensions de sommets que j'avais prévues, en marche pure, ou bien sur glacier, ou bien en escalade. L'escalade, je ne pratique plus depuis trop longtemps, et puis aujourd'hui, j'ai une appréhension que je n'avais pas autrefois, limite vertige. Pareil pour le glacier. Et pour la marche comme je disais plus haut, ça commence à coincer et je dois me limiter à des courses à ma portée. Bah, je n'ai pas de regret: mes souvenirs me suffisent, et je profite de l'instant présent, tant que je le peux. Le ski: ça, c'est ma plus grande passion et j'arrive à le pratiquer encore sans trop de problèmes, encore que je sens que je fatigue plus vite qu'avant, et que je récupère également plus lentement. Et puis toujours cette appréhension qui me vient, et qui disparaît presque entièrement ensuite au bout de quelques heures de pratique: je suis moins fou qu'avant, cela, je m'en rends bien compte. Autant autrefois, je n'avais peur de rien et le hors piste m'a offert de grandes joies, ( et de grands frissons aussi !) autant aujourd'hui, je suis moins tenté. Le ski de poudreuse était ma grande spécialité: j'ai eu l'occasion de faire plusieurs stages dans les Alpes avec cette fameuse poudreuse sans fond qui nous c'est si souvent défaut dans les Pyrénées. J'adorais ça. Une année je suis même allé avec un groupe mené par un guide de haute montagne qui nous a fait sauter de petites barres rocheuses: ce fut inoubliable ! Je maîtrisais, mais parfois, il m'arrivait de chuter: je me rappelle avoir passé toute une matinée à chercher mon ski enfoui sous la neige, et l'avoir retrouvé par hasard dix mètres plus bas que je ne le croyais: le ski avait filé sous la neige et heureusement quelqu'un a buté dessus et s'est cassé la figure. Comme quoi le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. J'ai eu une fois la proposition d'aller skier avec un groupe de pros en Alaska, avec dépose en hélicoptère, mais je ne l'ai pas saisie, ça coûtait un bras et puis j'avais un projet immobilier que j'ai jugé plus important... si j'avais su... mais bon quelque part, je me dis que ce n'est pas plus mal: qui sait ce qui se serait passé ? Et puis aurais-je cette maison aujourd'hui ? Ouais, enfin cette maison, ça c'est encore un autre problème... 

De la poudreuse, j'en ai, malheureusement, vu de moins en moins, et de moins en moins profonde, d'année en année, et du coup, ne pratiquant plus aussi souvent qu'avant, l'appréhension revient. J'ai un bouquin sur le ski de poudreuse, écrit par un moniteur, guide de haute montagne, qui dit que pour pratiquer ce ski-là, il faut vingt cinq pour cent de technique, autant de forme physique, mais cinquante pour cent de confiance en soi et c'est tout à fait vrai: j'ai pu le vérifier bien des fois. La confiance en soi joue aussi, pour les autres qualités de neige: aujourd'hui il m'arrive de me dire "houlà mais je ne vais pas descendre là ?" Et puis j'y vais quand même, et puis les réflexes reviennent et j'y prends du plaisir. J'ai même vu, grâce à une appli de mon smartphone que j'arrivai encore à faire des pointes à 90 km/h... La dernière fois que j'y suis arrivé, je me suis quand même dit que si je tombais j'allais prendre cher... Enfin bref, je skie pleinement , jusqu'au moment où je sens que je fatigue et malheureusement, ça vient de plus en plus vite. Bah, j'en ferai jusqu'à ce que je ne puisse plus et au moins j'en aurai profité. Après, l'envie diminuera et il me restera de beaux souvenirs. Je ne suis pas le genre à avoir des regrets éternellement: les choses sont comme elles sont, il faut faire avec il n'y a pas de meilleur moment pour vivre que maintenant. 

mardi, mars 21 2023

le temps qui passe

Mardi. J'ai passé la semaine dernière et une partie d'hier, en hyperactivité, entre les journées de ski et la recherche de tutoriels sur Google sheets et Google forms.  c'est fabuleux cette suite bureautique:  pour une association les possibilités sont infinies et cela m'a ouvert une fois de plus de nouveaux horizons. Cette recherche de fonctionnalités, de formules et de scripts est passionnante. Comme dit mon frère: cela permet de me maintenir intellectuellement.

Physiquement, par contre, cela pourrait être mieux: j'ai toujours des problèmes de genou,  avec des douleurs, dès que je marche un peu. Curieusement quand je skie, je ne sens plus rien, et donc, je ne m'en suis pas privé depuis le début de la saison. Par contre, la dernière fois,  vu que dans la plus proche station de chez moi il n'y avait plus guère de neige, je suis allé dans le département voisin dans une station où j'allais autrefois et où je sais qu'il y a toujours de la neige. Celle-ci était vraiment lourde, nécessitant de gros efforts pour maintenir les trajectoires, et j'ai pu constater que je me fatiguais très vite... trop vite, à mon goût. A un moment, j'ai même cru que j'allais faire un malaise... je me suis arrêté sur le bord de la piste, j'entendais mon cœur qui battait rapidement à mes tempes, et puis je ne me sentais pas bien du tout... J'avais prévu de faire encore une descente ou deux, mais j'ai écourté et je suis rentré:  je n'ai même pas eu le cœur de prendre un verre à la terrasse en face des pistes, inondée de soleil. Par contre,  une fois descendu au village, je me suis un peu baladé dans le centre, pour tenter de retrouver cette ambiance qui me plaisait tant quand j'étais gamin. Mais tout change... J'ai apprécié tout de même le moment présent.

Ensuite, profitant d'être revenu dans ma région d'origine, comme je l'avais prévu le matin, au lieu de faire deux heures de route pour rentrer chez moi, je suis allé dans ma ville natale,  en une heure à peine, retrouver mon frère et ma sœur. Ce sont tous deux des célibataires endurcis: ni conjoints, ni enfants, bref libres comme l'air. Ils pourraient en profiter davantage mais en vieillissant, ils sont devenus très casaniers. Nous ne nous étions plus revus depuis l'automne. Se furent de sympathique retrouvailles, et j'en ai profité pour aller chercher dans les archives familiales, de vieilles photos de nous. J'en ai pris quelques paquets afin de les scanner chez moi. Mon frère n'est guère porté sur l'informatique, moi si: je la trouve pratique. J'ai déjà scanné ainsi la plupart de mes vieilles diapos de montagne. Vous me direz qu'une soirée diapo, où voir même se faire passer des photos sur papier, c'est bien agréable, et vous aurez raison, mais avoir toutes ces photos sur le même support et pouvoir le consulter à l'envie n'importe quand c'est tout de même bien pratique. D'autant qu'en l'occurrence ces photos de famille, c'est mon frère qui les conserve, puisqu'il habite dans la maison familiale, où elles se trouvaient à l'origine. Je me rappelle  de la dernière fois où j'ai consulté ces photos en compagnie de mon père: regardons les photos de quand nous étions enfants, il me dit que cela lui donnait une impression bizarre, comme si les enfants que nous étions, étaient morts. En effet ces photos, c'était nous autrefois, toute à la fois que ce n'était plus nous aujourd'hui... je comprends tout à fait ce qu'il avait voulu me dire, je le ressens aujourd'hui: par exemple, j'ai du mal à saisir que ce petit garçon, là sur la photo, c'est bien moi, ou que la c'était mon frère; ces êtres sur les photos sont à la fois familiers et étrangers... familier, car je me rappelle de certaines circonstances où elles ont été prises, tout à la fois que je ne me reconnais pas vraiment.  C'est assez difficile à expliquer quand impression.

Je me dis parfois, que s'il n'y avait pas eu toutes ces photos, j'aurais sûrement oublié beaucoup de choses:  j'oublie de plus en plus, je ne suis pas comme mon frère, qui bien que plus âgé que moi possède une mémoire phénoménale ! Il se rappelle de toutes les courses en montagne qu'il a faites, mais aussi de toutes celles que moi j'ai faites, et donc à l'époque je lui avais parlé, ou dont j'avais ramené des photos, et le problème, c'est que moi par contre, je ne m'en rappelle plus... surtout si je n'ai pas de photos ! Et encore: je vous ai dit que j'avais scanné toutes mes vieilles diapos de montagne ? Et bien, sur certaines, j'avais oublié de noter où c'était, oublié de noter, ou bien je pensais que c'était tellement évident qu'il n'était pas besoin de le noter... et bien,  aujourd'hui, impossible de me rappeler où c'était:  ça n'évoque rien pour moi, alors qu'il est sûr que c'est moi qui ai pris la photo. Ainsi, c'est mon frère, qui m'a rappelé que j'avais fait deux fois le Mont Perdu... Pour ma part, je ne m'en rappelle que des bribes, et je crois bien que j'ai fondu les deux fois en une seule...

Ceci me rappelle le président du club de montagne avec lequel j'allais: à l'époque je sortais à peine de l'adolescence et lui, avec 20 ans de plus que moi, était un homme dans la force de l'âge, souriant, sympathique, marcheur infatigable, sa seule et grande passion était la montagne. J'ai appris récemment par hasard, qu'il était mort  il y a quelques années, après une longue maladie... j'ai du mal à concevoir cela: pour moi, il est toujours tel qu'il était à cette époque: bronzé aux dents très blanches, avec son petit bob rouge délavé sur la tête...

Mon père avait raison sur beaucoup de choses, comme, par exemple, le fait qu'on est toujours un gamin dans sa tête, même si le corps vieillit. Tout vieillit, même les villes; je ne reconnais plus ma ville natale: les maisons cassées et reconstruites, des sens de rues qui ont changé, des croisements revues et corrigés, des aménagements hasardeux... ce n'est plus MA ville: ma vie est ailleurs. Je ne cherche pas non plus spécialement à revoir des gens que j'ai connu autrefois: je le faisais à une époque mais j'ai souvent été déçu, et puis voir que le temps atteint aussi les gens, ça donne un coup de vieux et ce n'est pas bon du tout pour le moral: on en a assez avec la sensation bien réelle que notre corps se dégrade petit à petit, sans en plus  le confirmer en voyant le vieillissement des autres, ces autres qui ne sont plus ce qu'ils ont été.

vendredi, janvier 20 2023

Malade...

J'ai chopé une cochonnerie de virus. Ça m'a commencé le vendredi soir: je sentais l'arrière nez qui me picotait. Jusqu'au lundi ça allait et puis ça empiré tout d'un coup. Le temps d'incubation de ce genre de truc étant de deux ou trois jours, je suppose que j'ai dû attraper ça le mercredi, mais où ? Il est vrai que je mets moins souvent le masque lorsque je vais dans des endroits où il y a du monde... en fait, j'ai remarqué que pendant toute la période où je mettais le masque tout le temps, je n'ai jamais rien chopé alors que pourtant chaque année, j'y avais droit: j'ai toujours été assez fragile des voies respiratoires. 

Je me suis testé: ce n'est pas la covid. Je ne suis pas allé voir le toubib parce que ça ressemblait fort à un rhume.. bon, par contre, avec le rhume, j'ai rarement eu mal à la tronche et de la fièvre or c'est ce qui m'arrive depuis 2 jours, donc ça ressemble un peu à la grippe. La grippe, je connais: j'en ai déjà eu plusieurs fois par le passé : ça me met bien KO en général. Ces dernières années, je me suis fait vacciner sur les conseils de mon toubib, et vu que même si je me sens parfois fiévreux, ma température n'atteint même pas les 38, je me dis que ça doit en être une forme atténuée. Je ne vais toujours pas voir le toubib, parce que de toute façon, je sais ce qu'il va me donner, en plus du repos: spray nasal à l'eau souffrée, mais ça, j'en ai déjà et je me nettoie régulièrement le nez avec, même si ça pique un peu, surtout le matin. Et puis il va me dire qu'il faut prendre du doliprane quand je me sens fiévreux mais ça je le fais aussi parce que j'en ai un stock: il m'en prescrit régulièrement pour mes douleurs et j'oublie toujours de les prendre... enfin, disons plutôt que mon estomac ne les apprécie pas forcément et que donc il faut vraiment que je sois très mal pour en prendre, or il paraît que j'ai un seuil de douleur élevé, ce qui fait qu'au final, j'en prends rarement. 

A part ça qu'est-ce que je fais ?  Ben je dors: c'est même une de mes principales activités, et je n'ai pas besoin de me forcer: au moins quand je dors, je ne sens pas mon nez qui pique, ni mon œsophage qui me brûle - car bien sûr j'ai aussi des remontées acides - et je ne sens pas non plus mon mal de tronche. 

Si je voulais, j'aurais un peu de boulot à faire sur ordinateur, mais je n'en ai pas vraiment envie, et ce n'est pas grave parce que ce boulot il n'y a que moi qui me le donne, je n'ai de compte à rendre à personne. De temps en temps, je prends un bouquin et je lis, ou alors je prends mon smartphone et je vais m'instruire sur les réseaux sociaux... nan je rigole: quoi que d'un certain côté, ça m'instruit sur la bêtise des gens. Je regarde aussi de petits documentaires sur YouTube, et puis ma foi, je regarde la télé: par exemple, arte diffuse quelques petits documentaires pas mal, mais j'aime aussi les feuilletons comme Inspecteur Barnaby, qui montrent des images de maisons et de campagne anglaises. 

Lundi, j'ai eu le nez creux. En effet, j'ai été faire des courses pour presque toute la semaine: j'ai du sentir que que mon état s'aggraverait un peu, et que je devrais rester au chaud. En fait, ça fait trois jours que je ne suis pas sorti de chez moi. Tout juste si de temps en temps, j'ouvre grand les fenêtres pour faire un courant d'air et renouveler l'air. J'ai quand même trouvé le courage de faire un peu de ménage; ma sœur dit que ça fait du bien au moral, et elle a raison. J'ai fait un peu de rangement également. A faire, j'ai aussi pris une douche ce matin, parce que ça aussi ça fait du bien et puis vu que ces derniers temps, il m'est arrivé de transpirer beaucoup, c'était pas du luxe. Et puis bien sûr, j'ai lancé une lessive. Il faudrait qu'en plus, je passe la serpillière au rez-de-chaussée mais là pour l'instant, c'est au-dessus de mes forces: un coup d'aspirateur, ça suffit pour l'instant. Demain, il faudra que je le fasse , car, ce soir, j'ai renversé un peu d'huile juste devant mon évier. Et oui, parce que je fais quand même la cuisine: bien manger c'est aussi bon pour le moral... quand on a faim, naturellement. Ce midi c'était une bavette à la poêle avec des endives braisées revenues au beurre: un délice. 

Enfin bref, les journées passent, et pas si désagréablement que ça. Alors bien sûr ça ne me déplairait pas d'aller marcher un peu, mais je sens toujours mon genou qui déconne... quand est-ce que ça va guérir cette cochonnerie ?!!! Si ça guérit: des fois, je me demande... en fait, marcher, j'aimerais aussi pouvoir le faire parce que je sais que ça n'est pas bon pour la circulation de mon sang de rester assis dans un fauteuil ou allongé sur un lit or je n'ai pas du tout envie d'avoir de nouveau une phlébite... accessoirement, c'est aussi bon pour le moral. Mais pour l'instant le moral est bon. J'aimerais aussi pouvoir marcher pour continuer d'entraîner mes jambes en vue de skier un peu, vu qu'il neige... 

Je me disais tout à l'heure que l'avantage d'être à la retraite, c'est qu'on peut ne rien faire, sans remords aucun. On peut aussi se coucher tard et regarder la télé jusqu'à pas d'heure, même si le lendemain on se sent un peu vaseux... c'est beta: il y a plein de petits feuilletons qui ont lieu tard le soir et que j'aime bien: pourquoi ne les passent-ils pas dans la journée ?  Lire reste quand même mon passe-temps préféré. Heureusement, en début de semaine, je suis allé à la bibliothèque et j'ai pris un stock de bouquins (et de DVD) . De toute façon, si jamais, à la maison, je dois en avoir un ou deux que je n'ai pas encore lu, et puis même: il y en a certains que relire ne me déplairait pas.

Enfin bref, je suis malade, mais en ce moment, je n'ai pas vraiment l'impression que je ferai autre chose de mes journées, si je ne l'étais pas...

 Et alors ?

Alors rien 

mardi, décembre 20 2022

Le soir tombe

Tandis que les ultimes rayons d'un pâle soleil
réchauffent une dernière fois les corps, le soir tombe sur la plaine...
L'ombre froide est déjà là-haut, sur la montagne blanche, à part un sommet encore éclairé, mais il va sombrer bientôt, lui aussi...
Le soleil plonge lentement et à la fois si vite: cela me surprend toujours.
Déjà le froid se répand, tandis que le bleu envahit sournoisement le paysage.
C'est là qu'on se dit qu'il fera bon tout à l'heure, à boire un thé brûlant au coin du feu...

samedi, décembre 17 2022

Souvenirs en cascades

Je me balade dans mon village et je passe non loin d'un petit canal...je passe le pont et tout soudain, ce petit canal qui part en cascade, fait remonter en moi une foule de souvenirs lointains et confus: il me rappelle un certain petit ruisseau, derrière chez ma grand-mère paternelle, petit ruisseau qui s'alliait à un autre pour devenir un torrent, qui, lui-même passait derrière le restaurant du village, en dessous de cette terrasse si fraîche l'été, et par sa tonnelle et par le bruit de l'eau en dessous. Curieux comme cette petite chute d'eau fait revenir les souvenirs en cascade: il y avait dans ce restaurant, pourtant bien loin de la mer (on était en Corrèze ! ) un grand aquarium, rempli de bulles, de crabes et de homards, et tout cela me plongeait dans une grande contemplation dont on était obligé de me tirer de force, sinon je serais resté devant pendant des heures.
On m'en tirait entre autre car après le repas, la famille aimait bien aller se promener sur la lande près du dolmen... autre lieu propice à la contemplation...à ma grande déception, je n'y ai jamais croisé aucun gaulois, et pourtant je sentais si fortement leur présence !
La cascade rebondit encore: je suis à présent à la Fruitière, au-dessus de Cauterets, dans les Pyrénées, dans cette vallée dont j'ai appris plus tard, avec bonheur, qu'elle menait au Vignemale. Les ruisseaux étaient là, plutôt des torrents et les cascades fort impressionnantes, entre de petites gorges.
La Fruitière. Pendant des années où nous allions régulièrement nous promener dans ce coin, le dimanche, ce mot de fruitière m'intriguait mais je n'avais jamais demandé quelle en était sa signification: sans doute le mystère était-il plus intéressant que la réalité ? Aussi à présent quand on me parle de fruitière je revois des pommes, des oranges et des bananes: celles que ma mère amenait pour le pique-nique !
En réalité, la fruitière était un bâtiment appelé ainsi car les gardiens de troupeaux y élaboraient leurs fromages... ne me demandez pas pourquoi fruits et fromages sont ainsi associés, le fruit de la terre sans doute.
Tout cela c'était l'époque heureuse de mon enfance. Mes parents ne sont plus là mais quelque part, je sens leur regard bienveillant...

Entre temps, il m'est revenu un autre souvenir, un ruisseau qui cheminait dans la campagne et qui avait des berges assez élevées. Entre les racines d'un arbre, je me rappelle y avoir enfoui un trésor: une boîte grossière en bois, bien ficelée par un lien de cuir, dans laquelle j'avais mis un bout de grosse chaine dorée, dont je me rappelle qu'elle servait à maintenir un parapluie fermé, un boulard d'agate bleue, une bille de verre aux paillettes brillantes, un morceau de quartz aux facettes parfaites, un bout de bois flotté aux formes étranges, et un bout de papier Canson, vieilli au thé, sur lequel j'avais écrit à la plume: "ce trésor est à qui le trouvera". J'avais glissé le dit papier dans un petit flacon de verre hermétiquement bouché. Peut-être le coffret y est-il encore ? Je n'ai pas été le vérifier car je ne me rappelle plus du tout où c'était... En Bigorre, ça oui, mais où ? Cela restera un mystère...

dimanche, juillet 3 2022

C'est la fête au village

Aujourd'hui c'était la fête au village. Cette fête est l'occasion pour tous les villageois de se retrouver pour un grand repas bien animé, avec musique, chants et danses. Cela fait plusieurs années que j'y vais. J'y ai déjà participé quelquefois, accompagné ou non, espérant arriver à me mêler à tous ces gens et m'amuser autant qu'eux. À dire vrai, tout dépend aussi à côté de qui l'on se trouve pendant le repas: il y a des gens avec qui le courant passe bien, et qui aiment rire et d'autres avec qui ça passe moins bien. Je me rappelle y être venu une année où j'étais seul, et où j'avais vu avec stupéfaction et grand plaisir nombre de gars que je connaissais, venir me rejoindre et m'entourer  à la fin du repas voyant que je me morfondais un peu tout seul dans mon coin: nous avons parlé, chanté et ri ensemble et je dois dire que j'avais été un peu bouleversé de cette gentillesse qui m'était témoignée, si naturellement, alors que je n'avais rien dit, ni manifesté. Mais autrement, j'ai toujours eu un peu de mal à m'intégrer vraiment à ces manifestations. Je ne suis pas vraiment un fêtard. Sans doute me posais-je trop de questions ? Mais il est vrai aussi que je n'ai jamais eu l'habitude de faire la fête ainsi qu'ils le font. Il se connaissent depuis des années qu'ils habitent au village, où leurs enfants grandissent. Le comité des fêtes est composé de tous ces jeunes gens que l'on a connu petits et qu'on voit soudain en train de faire la cuisine et servir: ils sont alors devenus de grands gaillards et de belles filles, c'est là que l'on mesure le temps qui passe, lorsqu'on voit en face des visages qui, eux, vieillissent. Et toutes ces générations se succèdent et c'est très bien ainsi.
Avec mes parents, nous vivions en famille et nous ne sortions guère de ce cercle. Quand à ma propre famille que j'ai voulu créer, elle n'a jamais vraiment existé, et pourtant ce n'est pas faute de l'avoir voulue. Il était dit que je n'allais pas emprunter le chemin le plus évident: ma femme m'a quitté de la plus horrible des manières et je n'ai plus aucune nouvelle du gamin que j'ai élevé. Je suis le dernier de ma lignée, mes frères et sœurs n'ont pas trouvé à se marier: il n'y aura plus personne après moi, c'est ainsi.
Le problème de ces fêtes c'est d'abord le bruit: sous le grand chapiteau où le repas a lieu, chacun parle plus fort que le voisin, qui parle à son tour plus fort puisqu'il n'entend pas grand-chose et puis tout le monde finit par crier si bien que les personnes bien entendantes arrivent peut-être à se comprendre mais les autres, dont je fais partie, se contentent de sourire en hochant la tête de temps en temps, sans rien comprendre à ce qui se dit autour d'eux. Après, il y a aussi les chansons, dont on aimerait bien connaître les paroles, pour les reprendre en chœur comme tout le monde autour: à une époque, sur une site internet, j'avais fait une liste de ces chants festifs, en mettant des vidéos karaoké car je me disais que peut-être d'autres gens étaient dans le même cas que moi et que ça leur rendait service, mais là je dois dire que j'ai pris du retard: je suis dépassé, et je ne me rappelle même plus des paroles de certaines vieilles chansons. Alors je bois un verre de vin puis un autre puis un autre encore, la tête me tourne, j'essaie de me mettre dans l'ambiance, je braille autant que les autres, je tape sur la table en rythme, je fais tourner ma serviette au-dessus de ma tête et puis tout retombe, les gens parlent autour de moi, je ne comprends plus rien, je souris, manière d'être aimable, état second, et pendant deux secondes, je me demande ce que je fais là...
Quand vient le moment de danser, je me sens les jambes lourdes, et suis mal assuré; ma compagne ne vaut guère mieux, et ne répond pas à mon invitation, ouf: si elle l'avait voulu je l'aurais faite danser mais là, je n'insiste pas. Nous décidons de rentrer car de toute façon, elle a affaire chez elle. En partant, j 'aperçois quelques visages connus de gens avec qui j'aurais eu plaisir à discuter, et puis non: je fuis, nous fuyons. Nous ne partons pas directement et allons faire un petit tour à pied, histoire de nous remettre les idées en place et également de calmer le bourdonnement de nos oreilles: le niveau sonore était sacrément élevé et pour moi qui ai déjà des acouphènes, c'était trop. Nous nous avouons qu'autant l'un que l'autre, nous avons toujours eu du mal à nous intégrer à ces fêtes, pourtant si sympathiques...
Ma compagne est à présent partie et soudain l'orage éclate. J'avais songé revenir à la fête après son départ mais à présent l'esprit n'y est plus, et puis si même la pluie s'en mêle...

lundi, mars 21 2022

C'est lundi...

C'est lundi. La semaine commence, ma chérie a repris le boulot et, et je me retrouve livré à moi même. Je n'ai pas envie de rester chez elle, mais je n'ai pas vraiment envie non plus de me retrouver seul chez moi...je prends ma voiture et je vais d'abord passer celle-ci au jet: elle en a grand besoin, et il me reste des jetons de la dernière fois.
Une fois cela terminé, je passe en ville pour acheter mon pain et je prends la route...pas la plus courte: il me plaît de changer d'itinéraire, parfois, et, en plus, j'ai une petite idée derrière la tête : et si j'allais manger quelque part, faire comme si j'étais en vacances, jouer aux touristes, voir du monde ? Il est vrai que quand on est à la retraite, on est toujours en vacances, mais partir se dépayser, ce n'est pas déplaisant...

La route que j'avais empruntée, menait, si je la poursuivais, à une petite ville fortifiée où, autrefois, dans une autre vie, j'avais eu quelques habitudes. En ce lundi, début de semaine, je savais que c'était là que j'avais le plus de chance de trouver une auberge ouverte, vu que la ville était touristique.
Une fois arrivé sur place, je laissais tomber le bar-restaurant je fréquentais à une époque, et que je savais servir une bonne cuisine familiale un peu trop lourde pour aujourd'hui, pour une me tourner vers une taverne qui n'était pas si récente que cela mais dans laquelle je n'étais encore jamais allé: elle avait, qui plus est, une terrasse ombragée, encore vide à cette heure-ci, qui me tendait les bras.
Ce fut un repas simple: crudités en entrée, poisson purée, flan au caramel et café mais je ne cherchais pas vraiment la gastronomie.
Je terminais mes crudités lorsque les clients commencèrent à affluer. Comme je le subodorais, c'était surtout des gars du bâtiment, vêtus de vêtements de travail poussiéreux et qui se saluaient à grand renfort de poignées de main. Tout le monde se connaît plus ou moins dans ces genres de métier. Il y avait là, des maçons, des électriciens, des plombiers, des menuisiers, des jardiniers et j'en passe, apparemment aussi, quelques employés de bureau, ainsi qu'un couple de cyclotouristes, et deux retraités en vadrouille. Je terminais mon repas au milieu du brouhaha des conversations.
Après, j'eus l'idée de de ne pas rentrer chez moi de suite mais de poursuivre plus loin, vers une autre petite ville fortifiée, au bord de la rivière, célèbre pour son pont du treizième siècle. Je l'avais visité, il y avait longtemps et ma foi je me disais que j'y retournerais bien: il y avait de quoi faire une bonne balade digestive par là-bas...
J'y retrouvais bien le paysage dont je me rappelais. Vu l'heure, la petite ville était déserte: à 13h les gens ne sont pas encore sortis de table. Je me rappelais toutefois, que même en plein milieu de l'après-midi, il n'y avait là guère de monde: ces petites villes avaient sûrement beaucoup d'activité au Moyen-Âge mais de nos jours, elles périclitent. Dommage.
Je garais ma voiture sur un grand parking à moitié désert et je fis un grand tour à pied qui m'amena près du fameux pont, et aussi sur une île au milieu de la rivière. Autrefois, il y avait la un grand troupeau de chèvres, avec un vieux bouc aux cornes immenses qui faisait souvent peur aux enfants. L'île a été abîmée par la dernière crue qui, il est vrai, s'était montrée redoutable cette année, et le troupeau n'y était plus. Je me suis demandé un bref instant si cette absence était en rapport ou non avec cette crue... Le sentier était agréable, à la fois ensoleillé et ombragé, avec quelques panneaux sur lesquels étaient inscrit des poèmes de Musset, Verlaine, Apollinaire et bien d'autres. Je m'assis un instant sur un banc pour goûter le charme du lieu...
Je pris un autre chemin pour rejoindre ma voiture, afin de faire une boucle... je pris aussi quelques photos...
Pendant plus d'une heure, j'avais vraiment vraiment eu l'impression d'être en vacances bien loin de chez moi.

Pour le retour, l'envie me prit de ne pas rentrer par la route principale mais par de petites routes que je n'avais pas empruntées depuis très longtemps, une manière de faire durer le plaisir du dépaysement...
Je traversai toute une série de villages déserts, et pour cause: à cette heure-là, les plus vieux sont à la sieste et les plus jeunes sont au boulot

Dans cette plaine, je voyais toute la chaîne des montagnes et je me fis la réflexion que finalement, il ne devait pas faire si mauvais que ça, là-haut contrairement aux prévisions... dommage: j'avais songé à y aller pour skier, tant qu'il y avait encore un peu de neige, mais hier les prévisions météo m'en avait dissuadé... Allons, ce ne serait que partie remise.
Je roulais lentement sur cette petite route déserte, appréciant le paysage. Je reconnaissais certains endroits, sans chercher à m'appesantir sur mes souvenirs: depuis quelques temps, j'essaie d'éviter de penser à un certain passé qui a tendance à me poursuivre: pas plus tard que ce matin, je me suis encore éveillé d'un cauchemar à son sujet.
Arrivé un carrefour proche de chez moi j'hésitais à poursuivre ou à rentrer directement... je choisis la deuxième option: il faisait beau et je négligeais mon jardin depuis trop longtemps...

vendredi, mars 4 2022

Passer le temps

Aujourd'hui, il pleut, c'est le jour idéal pour coucher par écrit mes pensées vagabondes. Cela fait maintenant quatre ans que j'ai arrêté de travailler, quatre ans que le travail ne me manque pas du tout: j'avais pensé autrefois que le job qui me passionnait tant (quand ça marchait) me manquerait et que je continuerais à me tenir au courant et à bricoler de ci, de là, et bien pas du tout ! En effet, je l'oublie de plus en plus, et ce monde qui fut le mien pendant près de quarante ans ne m'intéresse plus. Quand j'étais encore en activité, je faisais des plans quand à ma retraite, et au final, je n'en suis aucun: mes envies d'autrefois ne sont plus les mêmes aujourd'hui, soit que mes goûts ont changé,ou du moins évolué, soit que ma forme physique soit moindre et m'empêche de revenir à certains projets.

J'ai toujours eu, il me semble, un naturel un peu inquiet, soucieux des lendemains:, j'ai toujours eu beaucoup de mal à envisager l'avenir proche ou lointain, avec sérénité. Être à la retraite n'a pas modifié cet état d'esprit jusque à présent, mais il est vrai que je ne suis pas complètement à a retraite: j'ai dû faire quelques démarches pour pouvoir espérer toucher ma pension dans quelques mois. Je sais bien qu'il ne faut pas vivre dans l'attente de quelque chose, mais au jour le jour, cependant j'ai du mal, question de tempérament sans doute ? Bien souvent je me suis dit qu'il y avait toujours un souci de quelque chose, un petit grain de sable qui coince quelque part et m’empêche de jouir pleinement de la vie, mais en fait, je réalise aujourd'hui que les grains de sable, c'est souvent nous même qui nous les mettons et les amplifions.

Cela fait quelques jours où je sens un changement en moi: je vis enfin au jour le jour, sans me donner des buts stressants: je me dis qu'à présent, je ne suis pressé par rien, que si je ne bêche pas mon jardin ou n'élague pas mes arbres, et alors ? Le ménage ? si je ne le fais pas aujourd'hui, je le ferais demain.Bref, je fais un peu plus au gré de ma fantaisie: la veille, je me marque des trucs à penser ou à faire, pas trop, juste un ou deux et le lendemain soir, je coche ce que j'ai fait, je n'ai trouvé que cela pour me donner satisfaction

lundi, décembre 13 2021

Chemin des écoliers

13 déc 2021
Ayant eu rendez-vous dans la grande ville voisine, distance d'une quarantaine de kilomètres, et ayant tout l'après-midi devant moi, je décidai de rentrer par le chemin des écoliers, afin de revoir des endroits où je ne suis pas passé depuis des lustres. En effet, si j'aime marcher, j'aime aussi rouler: j'aime quand la route laisse s'ouvrir devant moi des paysages variés, passant d'une colline ou d'un val à l'autre.
C'est ainsi que j'ai revu avec plaisir plusieurs villages, et redécouvert une petite route qui, ma foi, devait être inondée, il n'y a pas si longtemps: par endroits, elle est en effet très légèrement en dessous d'un genre de petit canal dont le niveau rasait aujourd'hui les berges, et je dois dire que ce n'est pas sans appréhension que je me suis engagé sur cette petite route déserte, d'autant que de l'autre côté et pas si loin, le très large torrent roulait de grosses eaux d'un vert clair translucide: la force de l'eau m'impressionne toujours. Prudence, aussi, car il me revenait avoir lu dans le journal, il n'y a pas si longtemps, que cette route avait été coupée par un gros éboulement; il est vrai qu'elle est surmontée de quelques falaises instables...
Mais finalement, c'était bien agréable. J'ai pu revoir, au début de la route, un vieil entrepôt, aujourd'hui abandonné mais autrefois très animé par une brocante - certains meubles chez moi, en viennent -  et aussi le début d'une vallée perdue que j'avais oubliée dans un coin de ma mémoire mais que je m'étais promis autrefois d'explorer. Et puis, bien évidemment, j'ai pu apercevoir, plus haut, et à la fois si proches, des sommets et des cols enneigés, vers lesquels je ne suis pas monté étant donné l'heure tardive: une ombre  glacée commençait déjà à tout envahir, or je connais le coin: la route est souvent humide et verglacée en cette saison, et plutôt déserte à cette heure, vu que peu de gens habitent là-haut. Quitte à faire quelques dérapages, je préfère les faire dans un endroit mieux maîtrisé.
C'est l'ennui de l'hiver: la nuit tombe vite. Je me suis promis de revenir par là, beaucoup plus tôt dans la journée, et d'entreprendre quelque balade à pied...tant que je le puis.
Je m'étonne qu'à chaque fois, certains paysages me rappellent des souvenirs, des impressions fugitives, vécus autrefois, mais qui n'ont pas forcément de lien avec cette région-ci. Bref, c'était assez délicieux et j'y ai bien goûté.
Sur la fin, retrouvant des routes plus familières que je fréquente assez souvent, il me tardait de rentrer, retrouver la chaleur de mon chez moi: mon fauteuil, mes livres, une bonne tasse de thé et tous ces objets qui me sont si familiers.
J'y suis à présent, tandis que dehors, la lumière baisse à vue d'œil...
Et bien finalement, c'était une bonne journée.

lundi, novembre 22 2021

Un jour, je m'y mettrais...

Internet a ceci de merveilleux que l'on peut visionner, quand on en a le désir, des vidéos de toutes sortes sur  le dessin, le fusain, les crayons de couleur, le pastel, mais aussi la peinture acrylique, ou à l'huile, mais aussi sur toute sorte de bricolages, et franchement, lorsque l'on voit ça cela fait envie.

J'ai chez moi, depuis longtemps, une boîte intacte de matériel à dessin,  dessin qui m'a toujours plus ou moins attiré: on m'avait dit à une époque lointaine que j'avais, semblait-il, quelques dispositions. J'avoue avoir crayonné quelque peu, autrefois, mais cela fait longtemps que cela ne m'est pas arrivé. Le peu que j'ai fait ma appris au moins une chose: il ne faut pas vouloir aller trop vite et avec de la patience, on arrive à des résultats surprenants, dont on ne se serait pas forcément cru capable, au départ.

J'ai aussi un peu de matériel de bricolage... mes quelques réalisations en ce domaine m'on' prouvé, elles, que lorsqu'on ne maîtrise pas certaines techniques, l'art est difficile...

Alors bien souvent je visionne ces vidéos et je me dis qu'un jour je vais m'y mettre sérieusement... un jour, mais quand ? Je me disais cela, déjà quand je travaillais: quand je serai à la retraite, je bricolerai je dessinerai, je réaliserai de belles maquettes, bref, je ferai plein de choses...  alors voilà, maintenant, j'y suis, à la retraite, et...? Et rien je continue de regarder des vidéos, je continue à préparer mon matériel... mais je ne commence quasiment rien. Je me demande finalement si le plaisir  ne serait pas plutôt dans la préparation que dans la réalisation ? Il me semble que ce sont les Japonais qui ont ce genre de philosophie ? Dans la cérémonie du thé, par exemple l'important les n'est pas de boire le thé, mais de le préparer avec un cérémonial et des gestes précis, tout en ayant bien conscience de ce que l'on fait: la pleine conscience.

mardi, octobre 19 2021

Resto du jour, bonjour

Ayant réalisé qu'il me restait 2 jours de liberté et non pas 1, avant l'arrivée de ma famille, puis ayant constaté que le boucher chez qui je comptais acheter ma viande était fermé, j'ai eu envie de m'offrir un petit repas sur une terrasse accueillante. J'ai donc fait un tour en ville : je voulais changer du dernier où j'étais allé. Heureusement, je connais quelques bonnes adresses.

Je me suis donc retrouvé sur une belle terrasse non loin des berges aménagées du gave. Il n'y avait que deux ou trois tables occupées, lorsque je suis arrivé, mais petit à petit, la terrasse s'est remplie et, bientôt, tout fut complet ou presque. Il y avait là un échantillonnage complet d'actifs, et moins actifs, et même une table qui semblait être une réunion de famille. En face de moi, un petit couple de retraités savourait leur déjeuner. Plus loin, une tablée d'employés de bureau, reconnaissable aux tenues vestimentaires des hommes, toutes sur le même modèle, manque cruel d'individualité, ou obligation du service ? Comme j'arrivais à la fin de mon repas, un certain brouhaha commença à s'élever: comme d'habitude chacun parle plus fort pour couvrir le bruit du voisin; alors, bien que j'apprécie parfois la compagnie des humains, cela commençait à faire un peu trop de bruit pour moi. Je me suis donc levé, et suis allé payer mon écot. Le patron m'a reconnu, et même si l'échange fut bref, cela m'a fait plaisir. Il est vrai que je suis un client de longue date, et également son ami sur un réseau social. En plus d'être bon dans son boulot, et sympa, j'ai pu remarquer que nous avions souvent des opinions similaires sur les sujets qui fâchent... je rigole un instant parce que je viens de penser que ma sœur m'affirmerait en riant (quoi que ?)  qu'ayant tenu boutique pendant 30 ans, j'ai acquis une certaine notoriété...pfff, c'est du passé ça...en plus, ladite notoriété, si tant est que j'en avais, ne m'a pas empêché de manquer de clients.

J'ai décidé d'aller prendre un deuxième café sur une terrasse dans mon ancien quartier là où j'ai habité pendant 20 ans et travaillé pendant 30. Je traverse donc la ville, fort calme à cette heure-ci: tout le monde déjeune... quoi que même en dehors de l'heure du déjeuner la ville n'est, malheureusement, plus guère active... je vois avec tristesse plusieurs devantures vides et poussiéreuses, dans une rue qui, il y a à peine 10 ans étaient encore pleine d'activité. Il faut dire qu'il y a des travaux en ville mais cela ne s'explique pas tout. L'arrivée de grandes surfaces en périphérie a achevé le commerce de centre-ville, comme dans bien des endroits. Les maires disent en général que c'est pour répondre à un besoin, mais n'a-t-on pas plutôt créé le besoin ? C'est tout l'art du marketing J'avais baissé les bras depuis longtemps, à ce sujet: il est des choses contre lesquelles on ne peut pas se battre, surtout quand personne ne suit.

Arrivé au bistrot à la terrasse duquel je pensais prendre mon café, je me rends compte que j'ai encore oublié que le mardi est son jour de congé. Zut. Je décide d'aller un peu plus loin rendre visite à un parc où je n'ai pas été depuis très longtemps. Ce faisant, je m'avance sur ce qui était autrefois la route nationale, avant qu'il y ait la voie d'évitement. Ici aussi il y a de vieilles devantures et fermées, mais celles-ci le sont depuis avant mon arrivée il y a trente ans: déjà on pouvait sentir que la ville avait eu son heure de gloire mais était sur le déclin... pourquoi ne l'ai-je pas vu à l'époque et suis-je resté m'enterrer dans ce coin ?  je crois que je n'avais pas vraiment envie de le voir, et puis je ne cherchais pas à faire fortune, mais à pratiquer mon métier honnêtement.

J'arrive enfin au parc. J'aurais pu rentrer par la route principale, un peu plus loin, mais je préfère passer par le petit sentier réservé aux piétons, qui serpente dans la pente. J'entends des voix au loin. J'espère que des clodos n'ont pas accaparé la place, là-haut ? En effet, je me méfie quelques peu de ces gens, ayant autrefois été alpagué par l'un d'entre eux, or ici le coin est plutôt désert... Je décide de m'asseoir ici, face à la colline surmontée de sa vieille église du treizième siècle, et de continuer à écrire. Bientôt des gens arrivent, que je reconnais, du moins une qui travaillait chez un assureur dans le quartier. Je dis travaillait mais elle n'est pas si vieille et ne doit pas être encore à la retraite... nous nous saluons mutuellement, puis quand ils sont passés, je me lève et reprends ma marche. En bas sur l'ex-nationale, les voitures ont recommencé à circuler: la pause déjeuner est finie. Je sens les odeurs de gasoil qui remontent. Oui, il est temps que je m'éloigne.

Les souvenirs affluent soudain: je me rappelle des hivers où ces pentes étaient recouvertes de neige et où parfois j'emmenai, avec une luge, le gamin que nous élevions. C'était alors une après-midi qui résonnait de cris et de joie...le bon temps... Enfin, pour ces moments-là, du moins...

J'ai finalement rejoint le chemin principal: une petite route bordée de platanes majestueux; sur les bas côtés, de nombreuses colchiques fleurissent... c'est la fin de l'été ? Voire ! Il faisait frais ce matin et je regrette à présent le t-shirt à manches longues, un peu épais que j'ai enfilé, parce que je transpire... enfin, je ne sens plus les odeurs d'essence mais celles des arbres, des fleurs et des feuilles. C'est beau... Aïe ! Pourquoi les moustiques gâchent-il toujours les bons moments ?!!

À présent, je domine bien la ville. De loin en loin, un arbre au feuillage roux ou mordoré pose une petite tache de couleur au milieu des maisons... je suis à la hauteur des serres municipales. Juste en dessous de moi, un mur de pierre délimite un petit pré où paissent trois ânes. "Un âne, des nânes", disait le gamin, avec sa logique enfantine !

J'arrive enfin sur le plateau: une allée ombragée me tend les bras. Les arbres qui la bordent sont magnifiques. Ils étaient beaucoup moins grands, me semble-t-il, lorsque je suis venu la dernière fois ?  J'ai remarqué, que bien souvent, c'est grâce aux arbres que l'on mesure le temps qui passe: eux se fortifient et grandissent en vieillissant, nous, c'est le contraire...

Ne serait-ce le bruit des voitures qui montent de la nationale, l'endroit serait idyllique. Je revois le fameux lit végétal qui étonnait tant les gamins...hop, photo ! Je m'assois sur un banc à l'ombre, j'entends le bruit d'un avion qui traverse le ciel au loin et cela me rappelle les chaudes après-midi d'été, où, lorsque nous étions petits, ma mère descendait un store à lamelles de bois léger sur le balcon, pour que nous puissions faire la sieste dehors...douceur et farniente... je me gratte les chevilles: ces sales bêtes m'ont encore piqué ! Je me lève et repart plus loin.

Je suis sorti du parc et me voici à présent sur la route de crête de la colline: je peux voir la plaine de l'autre côté. Sur la droite, la route, apparemment refaite récemment, mène vers la nationale et passe devant ce qui semble être une extension de la maison de retraite pas loin, moderne et très moche. Quelle idée d'avoir construit cela en cage à lapins ? Je pars plutôt sur la gauche sur cette petite route que je sais revenir vers la ville.

Je rencontre un chat, curieux et guère sauvage mais qui ne se laisse tout de même pas approcher de trop près. Je tente de l'intriguer en me cachant un peu, pour le faire approcher, cela réussi en partie, mais je m'impatiente et reprends ma balade. Tant qu'il reste ici sur la crête entre parc et pré, il a la belle vie, et ne risque rien. Je continue à marcher sur cette petite route étroite. Lorsque je suis arrivé  dans la région, elle était encore ouverte à la circulation et se terminait par une pente hyper raide sur laquelle ma voiture a failli rester coincée ! La pente existe toujours mais la route est fermée à la circulation.

Oh ? une chèvre ! Elle est dans un champ très en pente, entouré d'un grillage. Je cueille quelques feuilles de pissenlit et les lui offre... apparemment elle aime bien ça. Ah, mais elle a une copine, un peu plus bas. Je vois ladite copine grimper dans un arbre pour mâchouiller des feuilles du jardin d'à côté. Ben, pourtant un peu plus bas le champ ne manque pas d'herbe ? La première passe le museau sous le grillage pour essayer d'attraper l'herbe sur le bord du chemin. Ma parole, elle n'a pas peur de risquer de se retrouver coincée ?  Je reprends ma route, car les moustiques attaquent à nouveau... Je passe la forte pente qui finit le chemin, tourne à gauche et descends à présent la pente qui me ramène au centre-ville, non sans avoir au préalable pris une photo, car la vue est magnifique.

Je passe à présent devant le lieu de mon ex-boulot. Mais diable que je suis content d'être à la retraite: je n'ai aucun regret d'avoir cessé mon activité.   Je salue de la main un copain qui, de l'autre côté de la route, va dans la même direction que moi. Nous discutons à travers la rue puis il finit par traverser pour me rejoindre et m'accompagne un petit moment en philosophant. Petit moment sympa.

Bientôt, j'arrive non loin du parking où j'ai garé ma voiture. Je n'ai pas très envie de retourner m'enterrer chez moi, mais j'ai quelques courses à faire,  mais finalement, pour tout dire, je sens qu'une petite sieste ne me ferait pas de mal... va pour la sieste: je ferai les courses demain.

jeudi, octobre 14 2021

Ictus amnésique

Aujourd'hui il m'arrive pour la deuxième fois de ma vie un truc étrange (la première fois c'était le 18 mars de cette année, environ 2 mois avant ma primo-vaccination: je le précise, car certains ont aussitôt pensé que c'était en lien avec la vaccination, et ben non !) : je me réveille vers 10 heures du matin en me disant que j'ai laissé passer l'heure d'aller au boulot... vite, je me lève, me lave, m'habille, et au moment de partir je cherche mes clés du boulot. Zut, où les ai-je mises ? J'ouvre ma boîte à clés et constate que ces clés n'y sont pas non plus ! Panique ! Qu'est-ce que j'en ai foutu ? Et puis c'est bizarre, mais j'ai l'impression de ne pas être allé travailler depuis plusieurs jours: en effet, je ne me rappelle pas du tout ce que j'ai fait hier ni avant-hier ni avant et... je ne me vois pas au boulot, je ne me rappelle d'aucun client récent...pourtant d'après mon téléphone, nous sommes jeudi...?
Je cherche à nouveau mes clés du boulot et ne les trouve pas, ni dans la maison, ni dans ma voiture... j'essaie de me calmer, car je flippe un peu, là. Pour quelle raison n'ai-je pas ces clés ? Ce qui me met la puce à l'oreille, c'est que je n'ai pas non plus le double des clés. Je commence à avoir un doute...
En effet, il y a quelques mois, comme je l'ai dit plus haut, j'ai fait un ictus amnésique et je me demande si ça ne m'arrive pas à nouveau ? Qu'est-ce qu'un ictus amnésique me direz-vous ? Et bien pendant un moment, on ne se rappelle plus de certaines choses: par exemple, cette fois-là je ne me rappelais plus si mes frère et soeur étaient à la retraite ou non, je ne savais plus quel jour, ni quelle année on était, et je ne savais pas non plus pourquoi j'étais chez moi. Je me rappelais juste que j'avais un rendez-vous... J'avais téléphoné à mon frère en lui disant que je me demandais ce que je foutais là et qui m'avait convaincu d'aller à l'hôpital car il me disait un truc (par exemple, que ma sœur était aussi à la retraite, ou bien qu'on était jeudi) et je n'imprimais pas. J'avais tout de même trouvé le chemin de l'hôpital où on m'avait laissé en observation pendant deux jours, tout était rentré dans l'ordre quelques heures après. N'est-ce pas la même chose qui m'arrive, aujourd'hui, me demandais-je ? À l'hôpital, ils avaient appelé cela "confusion mentale"....
 Je songe à appeler mon frère comme la dernière fois... J'essaie, mais malheureusement, il ne répond pas: à cette heure-ci, il doit être en balade. Ah tiens, je viens de réaliser ce que je viens de penser: "il doit être en balade". C'est vrai qu'il est à la retraite !
 Je respire doucement j'essaie de réfléchir... l'impression de ne pas bosser depuis un moment se conforte (je n'ai vraiment aucun souvenir de dossier en cours) sans que je puisse toutefois me rappeler ce que j'ai fait hier, par exemple. Mon sac de promenade est posé sur la chaise, avec un petit paquet de biscuits dedans et une veste. À la cuisine, ma gourde est renversée sur l'égouttoir...Ommmm padme oooom... j'essaie de me calmer.
Et petit à petit, les incertitudes se font certitude: je n'ai pas les clés de mon boulot, tout simplement parce que, moi non plus, je ne travaille plus; en effet, l'image de ma boutique vidée de tout, vient de me traverser l'esprit !
Je m'assois sur un fauteuil: même si cela va mieux dans ma tête, j'ai les jambes coupées.
Je me dis que je devrais me mettre un grand panneau dans ma chambre, comme quoi je ne travaille plus depuis le 31 décembre 2018, ou alors la photo de ma boutique vide, ou du moins quelque chose à quoi je puisse me référer si j'ai de nouveau une perte de mémoire. Je songe de nouveau à mon père qui avait la maladie d'Alzheimer, mais on m'a dit que ça n'avait aucun rapport et que de toute façon, ce n'était pas héréditaire. En tout cas c'est très flippant.
Je songe appeler mon médecin, d'autant que je crois que j'ai chopé une rhinopharyngite. Finalement, je prends rendez-vous en vidéo, pour demain. Je programme plein d'alarmes sur mon téléphone au cas où j'oublie.
Je songe aller faire un tour vu qu'il fait beau, mais soudain je me rappelle que j'attends un colis et que je dois rester là pour le réceptionner, car je crois qu'il ne rentre pas dans la boîte à lettres...
Je suis toujours sur mon fauteuil et j'écris ce récit... je prendrais bien un thé... ah mais justement, il me semble que la bouilloire que j'ai mis en route tout à l'heure, vient de s'arrêter...

mardi, octobre 12 2021

Une journée très réussie

La journée n'avait pas très bien commencé : je m'étais couché tard hier et ce matin j'étais un peu au radar. Qui plus est, j'avais rendez-vous chez le dentiste en fin de matinée , ce qui n'est jamais très agréable, mais j'avais mal depuis maintenant 15 jours que j'avais pris mon rendez-vous.

Sortant assez tard de chez le dentiste, je résolus de profiter du beau temps pour aller manger un steak tartare sur une terrasse bien ensoleillée de ma connaissance. Ce goût pour le steak tartare ne m'est venu qu'assez récemment lorsqu'un boucher chez qui j'étais client a ouvert un restaurant associé à sa boutique: je me suis dit que, chez un boucher, le tartare devait être bon.... Et c'était le cas.
En plus j'aime bien cet endroit, qui m'en rappelle d'autres, ailleurs, dans une autre vie: c'est un pôle d'activité, dans une zone un peu à l'extérieur de la ville; s'y retrouve un peu le même genre de gens que partout ailleurs dans ce genre d'endroit: des employés de bureau, des ouvriers, des représentants de commerce, des techniciens, etc, bref, des actifs. Pendant un instant, j'ai ainsi l'impression de l'être encore.... À l'époque où je travaillais pour une grosse boîte, il m'arrivait ainsi de devoir aller faire des stages ou des réunions de ci, de là, souvent dans des zones comme celle-ci, et je dois dire que cela me plaisait assez. Dans ces zones, un des points communs est que les routes sont bien entretenues, marquage au sol y compris, les pelouses sont nombreuses et toujours bien tondues et les arbres bien taillés. Dommage qu'il n'y soit pas prévu davantage de passages piétons: je serai bien allé faire un tour à pied dans ce coin. Il est vrai que les gens ne sont ici que de passage et ne s'arrêtent que pour manger ou faire une course...et encore n'est-ce ici qu'une petite ville.
J'ai fini de manger et siroté mon café. Il fait bon, je profite du soleil, qui m'incite à la farniente. Que vais-je faire, cet après-midi ? Aller me balader, oui, mais où ?
L'idée me vient d'une balade sur les coteaux, que je faisais, autrefois... je décide d'aller faire quelques courses chez le primeur à côté puis de ramener tout cela chez moi et partir faire la balade. Dont acte.
Je pars de mon village pour aller faire la balade. Pour cela, je traverse la ville voisine et prend une route que je n'ai pas parcourue depuis... environ 10 ans ? Un peu moins, je pense, mais plusieurs années, c'est sûr. Je roule sans excès de vitesse: je profite. Je pense... je passe devant une maison que nous avions visité autrefois, avec feu mon épouse, maison que nous n'avions finalement pas acheté: je trouvais que la maison était trop souvent à l'ombre. Elle est toujours à l'ombre mais elle a bien changé: quand je repense à la ruine qu'elle était...  je tourne au croisement... tiens  ? la maison de l'angle a été repeinte de fraîche date. Je parcours une partie du chemin que je ferai à pied tout à l'heure, je reconnais un croisement qui part vers le haut à droite, puis un autre, et puis j'arrive au parking, devant une petite chapelle, à côté du cimetière. Je me rappelle que je suis venu là... avec mes frère et sœur, me semble-t-il ? Je me gare, je prends mon sac dans mon coffre, avec mon bâton de marche, ferme ma voiture à clé, puis je démarre mon application de randonnée: je trouve cela bien pratique pour savoir combien de temps je marche, sur quelle distance et éventuellement quel dénivelé je parcours.
Je démarre d'un bon pas mais pas trop vite tout de même: je tiens à garder un bon rythme et je sais bien que lorsqu'on part trop vite on risque le coup de barre:  lorsque je fréquentais encore les clubs de randonnée, combien de gens ai-je vu ainsi partir comme des fous, que je rattrapais et doublais aisément, ensuite ? La route monte sec. Je sens une vague douleur dans ma poitrine: j'ai le souffle un peu court. Je songe à m'arrêter un brin ou à ralentir, mais finalement, je garde mon rythme en faisant des pas plus petits, sinon je vais me fatiguer très vite. Je me dis que je n'aurais peut-être pas dû mettre ce t-shirt à manches longues ? J'ai très chaud... heureusement, la route passe par un endroit à l'ombre, et là, il fait bon: en effet, le fond de l'air est quand même un peu frais. J'arrive bientôt en haut de la côte, je n'ai plus la douleur à la poitrine: ma respiration s'est calmée et mon cœur aussi. Je suis à présent la route de crête du coteau. La montagne est loin derrière une barrière de nuages, on ne distingue que ses sommets. C'est curieux: les montagnes paraissent, ainsi, bien plus hautes qu'elle ne le sont réellement. La marche est agréable. Il y a tout du long de jolis prés avec ou sans vaches, et de belles maisons, de temps en temps, un chien jette un aboi d'avertissement. J'arrive à la hauteur d'une petite chapelle: je me rappelle y être allé avec un groupe de mon village, il y a quelques années: nous y avions fait devant, une pause casse-croûte, et j'avais pris de super photos avec le soleil de face qui faisait une étoile près d'une croix du cimetière. Plus loin, j'arrive devant une maison qui appartenait à une relation lointaine, si mes souvenirs sont bons. Nous y avions fêté je ne sais plus quoi, avec une association à laquelle nous appartenions tous deux. Ce gars-là doit être mort à l'heure actuelle: il était déjà bien plus âgé que je ne le suis aujourd'hui, et la fête dont je parle, date d'il y a bien 20 ans... que dis-je 20 ans  ? 30, plutôt. Je continue ma marche... oui, décidément, il y a vraiment de jolies maisons: je ne me rappelais pas de toutes mais maintenant que je les revois... Une première route descend sur la droite: si je le veux, je peux descendre, je vois à peu près où la route atterrit, et ensuite je ne suis pas loin de la voiture... mais non: je me sens bien, je vais faire le grand tour. Je continue ma marche, et passe devant des maisons et des fermes bien paisibles. Je me sens vraiment très bien. La route monte une belle pente; je m'y lance, en faisant des pas plus petits, comme précédemment, et j'avale la côte comme qui rigole: je me retrouve en haut sans y penser. Quels progrès ai-je fait en un an ! Quand je pense qu'après mon embolie, j'avais du mal seulement à mettre un pied devant l'autre... je retrouve des sensations perdues. Cette sortie me fait, décidément, le plus grand bien ! Elle me donne envie d'en faire encore plus. Je pense que je vais me remettre sérieusement à mes randonnées campagne... et pourquoi pas un peu de VTT ? Il faudrait que je fasse remettre en état le vélo, depuis le temps que je le dis... ouais, ce ne serait pas mal: je pourrais amener le vélo sur place et faire un tour sur les chemins: il en est que je n'ai jamais faits car ils sont trop longs à pied. Je pourrais aussi partir à vélo de la maison, mais je ne me sens pas très à l'aise à vélo sur les routes à grande circulation.
J'arrive à un croisement: un chemin descend sur la gauche. Je sors mon smartphone et je consulte la carte IGN de l'application de rando. Je me redis encore une fois que c'est bien pratique. Je vois ainsi que ce chemin, qui n'est pas goudronné, descend dans le fond de cette vallée là-bas, puis remonte sur la crête en face, où il rattrape un sentier GR, et poursuit un cheminement parallèle à celui où je suis actuellement pour le rejoindre un peu plus loin. J'hésite: et si je me lançais sur ce chemin ? Je décide que non: pas cette fois-ci. C'est la première fois depuis longtemps que je suis parti me balader à la campagne un peu plus loin de chez moi, je vais donc me tenir à mon itinéraire premier que je connais déjà. Celui-ci, par contre, je le ferai une autre fois: je ne suis pas sûr du tout de ma forme actuelle. Pour être franc, il y a une autre raison à ma décision: ce nouveau cheminement passe à proximité de fermes, où je risque de rencontrer des chiens, patous, par exemple, et il se trouve que je ne suis pas très copain avec ces animaux-là, même si j'ai fait de grand progrès, ces dernières années. En deux mots comme en cent, je préfère n'être pas tout seul pour m'aventurer dans ce genre d'endroit...et puis même si je le fais, ce ne sera, de toute façon, pas aujourd'hui.
En principe, d'après la carte, un sentier doit partir de l'autre côté, cela m'éviterait de faire un grand détour, seulement il y a un hic: un grand portail, ouvert, certes, mais aussi un grand panneau marqué "propriété privée". Zut ! J'hésite: je tente quand même ? Je m'engage un peu sur un des chemins qui semble être celui décrit par la carte, quoi que les tirets semblent indiquer plutôt un sentier et je vois plus bas un tracteur avec une carriole qui bloque le chemin. Est-ce vraiment privé ou bien  est-ce quelqu'un qui a mis une barrière et a dit ceci est à moi, alors que ce n'est pas le cas ? Je pense à cela car j'ai déjà vu ce genre de chose chez ma compagne:  nous avions l'habitude de passer par un sentier qui longeait une maison, or un jour le propriétaire de la maison a barré ledit sentier... après avoir demandé au maire ce qu'il en était, il s'est avéré que ce monsieur n'avait pas le droit de le faire et le maire envisageait de lui envoyer un petit mot pour qu'il rétablisse le passage...les gens sont gonflés quand même...
Mais bon, aujourd'hui, je préfère éviter les problèmes et les discussions... je ferai donc le grand détour... À quelque chose, malheur est bon : cela me permet de revoir un fort beau paysage que j'avais oublié ! Il est vrai que j'ai parcouru ces crêtes bien souvent, à une époque lointaine. Surtout ne pas laisser le passé me submerger, sinon je vais penser avec regret à un adorable petit bambin qui était comme mon fils... le passé est passé, c'est même un passé dépassé, comme chantait je ne sais plus qui.

Enfin, je trouve la route qui redescend au pied du coteau. J'aurais pu continuer un peu plus loin et passer par le village, cela fait partie, je crois, du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle: ils ont planté tout le long, des arbres fruitiers de variétés anciennes dont les fruits sont destinés aux pèlerins... mais je tourne là: cela suffira pour aujourd'hui. Je m'arrête en bref instant devant une vigne derrière laquelle se profilent les montagnes au loin et j'en profite pour prendre une photo.

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Encore quelques mètres et j'arrive à la route d'en bas. Il était temps, je commence à sentir mes genoux: les descentes ne me valent rien. À présent une longue route m'attend à fond de vallée, sur une route quasiment plate... Elle se fait finalement assez rapidement, avec simplement une pause pour boire un coup, car j'ai pris la précaution d'emmener ma gourde. Je passe devant une maison où une dame repeint sa barrière, et nous nous saluons mutuellement. Je me dis que sa tête ne m'est pas inconnue... Sûrement une ancienne cliente ?  Ça me fait toujours drôle: je compare cela à ma compagne lorsqu'elle rencontre un ancien élève.

J'arrive enfin à ma voiture. J'arrête mon application rando: environ sept kilomètres, une heure et demie de marche, cent cinquante mètres de dénivelé. Mouais, ce n'est pas trop mal. D'un autre côté, la marche sur route goudronnée ne me réussit guère: je commençais à avoir vraiment mal aux genoux... et aux pieds. Je monte dans ma voiture, après avoir rangé mon sac et mon bâton.  Je reviens chez moi par le même chemin. Ce faisant, je repasse devant la maison où la dame repeignait sa barrière, et je vois qu'ils sont à présent tout un groupe à discuter, dont un vieux monsieur que je connais fort bien car, lui, j'en suis sûr, c'est un ancien client très sympathique, que j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer, dans une salle d'attente, depuis que j'ai arrêté de travailler. Je quitte ce coin, le sourire aux lèvres: j'ai adoré mon boulot.

Je pensais, en revenant, aller sur la terrasse de mon café préféré pour boire un thé, et finir dignement ce bon après-midi, mais j'avais oublié que c'était aujourd'hui son jour de fermeture hebdomadaire. Zut ! Je n'ai pourtant pas envie de rentrer tout de suite:  je ressens le besoin de voir du monde, avant de me retrouver tout seul chez moi.

Il me revient alors cette histoire de vélo, auquel je pensais tout à l'heure. Je consulte ma montre: j'ai juste le temps de rentrer chez moi, décrocher le vélo de son perchoir, prendre mon porte-vélo pour le fixer sur la voiture et aller emmener l'engin chez le réparateur... depuis le temps que je dois le faire !  Et ensuite, il faudra que je fasse ma soupe pour la semaine: ce sera courge, courgette, oignon, avec du bouillon de poule, bref, un potage léger pour le soir. Ensuite, je bouquinerai un peu ou bien je regarderai la télé, à moins que je n'aille faire un petit tour sur les réseaux sociaux, jouer un peu. Une soirée calme, de toute façon.

Ce fut finalement une bonne journée  bien remplie et très réussie !

vendredi, octobre 8 2021

Ciel bleu sans nuage

Ce matin, le ciel était si bleu que cela invitait à la promenade. Aussi, après avoir rempli quelques obligations, je partis de chez moi à pied pour une petite balade à la campagne. Le fond de l'air était frais mais le soleil réchauffait la peau.
La montagne se détachait sur le ciel avec déjà de ci, de là, quelques reflets roux de l'automne.
Je m'arrêtai un instant pour contempler les sommets. Je pouvais les nommer pour la plupart, mais j'hésitais encore sur certains, et quand à d'autres encore, leur nom m'était inconnu. Je me promis, comme bien des fois auparavant, de revenir avec une carte et ma boussole: cela fait des années que je me dis cela et finalement, je ne le fais jamais !
Je crois qu'il existe aujourd'hui quelques applications mobiles permettant de visualiser les sommets avec leur nom ? C'est un bon marché : aujourd'hui les gens ne veulent plus se donner la peine, même si ce n'est guère compliqué, vu qu'il suffit de faire quelques relevés à la boussole pour trouver les noms. Curieusement, je retiens plus facilement le nom des montagnes que j'ai gravies que les autres, est-ce bien logique puisque lorsqu'on est sur un sommet, on ne voit pas sa forme caractéristique ?
Je contemple, et mon esprit vagabonde: il me revient que j'avais quelques projets quand à ce sommet là-bas... oh et puis ce petit pointu ? Je l'ai grimpé et m'y revois. L'envie me vient de rentrer chez moi, prendre ma voiture afin d'aller à son pied et retrouver certaines sensations de ce jour-là... Et puis non: il est un peu tard pour cela; une autre fois. Qui plus est, depuis qu'il m'est arrivé quelques soucis de santé, j'hésite à partir seul un peu loin, même s'il n'y a aucune difficulté, et que je dispose d'un téléphone que j'emmène partout avec moi.
Je reprends ma marche.
Là-bas vers l'est, je devine l'antenne qui luit au sommet du Pic du Midi de Bigorre, ce pic devant lequel je suis né, il y a.... je préfère ne pas compter.
Je me retrouve à présent sur la route entre deux champs de maïs. Celui-ci fait plus de deux mètres de haut, et commence à flétrir. Sur les bas-côtés, l'herbe verte vient d'être fauchée, j'y distingue quelques petits diamants de rosée. Je ne sais pas trop ce que cela m'évoque: des souvenirs affluent, trop fugaces pour que j'arrive à me rappeler exactement où était ce coin auquel je pense, ou celui-ci, ou celui-ci encore ? Je ne me rappelle que d'une chose, une sensation de bonheur, comme à présent: je marche dans un endroit désert de la campagne, le soleil me chauffe le dos, un petit air me rafraîchit le visage, je sens mes muscles qui bougent, je n'ai mal nulle part, de bonnes odeurs de ferme m'arrivent aux narines, je suis vivant, je suis bien, La vie est belle.

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