Ce matin dimanche, petite balade... Humide ! La pluie était glacée: la neige n'est pas si loin. Cependant, cela avait son charme: c'était un paysage de fougères rousses, de chênes tirant sur l'ocre, et d'arbustes jaune d'or. Une véritable harmonie de tons mordorés.
Comme à mon habitude, je vais d'un bon pas, en short et simple t-shirt, malgré l'air vif, au milieu du groupe habillé frileusement. Depuis des années, on ne cesse de me plaisanter sur mon système thermorégulateur, parait-il mal réglé ! Que voulez-vous, je suis ainsi: je me rappelle un jour en pleine tempête de neige sur un glacier, dans les Alpes, avoir été en bras de chemise, avec pour seul lainage un bonnet sur la tête, alors que mes amis, eux, engoncés dans leurs doudounes, me regardaient d'un air incrédule, et puis le soir au refuge, ils s'étaient étonnés qu'il me faille trois couvertures sur le dos, alors qu'eux n'en supportaient même pas une seule ! C'est comme ça: dehors, j'ai rarement froid, et dedans, j'aime avoir bien chaud.

La balade ne sera pas trop longue, m'a-t-on dit, et cela vaut mieux: la pluie menace. Nous allons vers le col d'Etche, au jardin des fées. Pourquoi ce joli nom ? Tout simplement, parce que en saison, vers mai, juin, les pentes des collines sont recouvertes de la belle Asphodèle Blanche et que de loin, cette fleur ressemble à des fées s'élevant du sol. Tout est sujet à rêverie, en Barétous....

La pente est raide. Autour de moi, tout le monde marche silencieusement, la tête baissée. Moi pas: mon regard est attiré de partout, tant je vois de beauté: qui une feuille, qui une goutte d'eau, qui une branche à la forme étrange...je suis un peu esthète, à ma manière.
Je prends quelques photos qui ne rendent guère, mais je m'en doutais: certains éclairages sont si fugaces qu'il faudrait marcher l'appareil à la main, le doigt sur le bouton.
Après un bon rampaillou, sous les arbres, nous débouchons à ciel ouvert, et nous faisons une pause pour attendre les derniers. Cette fois, les vestes sont tombées, je me sens moins seul !
Nous bavardons, et je ne suis pas le dernier à plaisanter: j'aime rire, cela a toujours été.
A présent, le retour va s'effectuer en descente douce par une grande boucle, et maintenant, nous avons le souffle pour parler; je vais d'une personne à l'autre: j'aime le contact, faire connaissance, et rire, toujours. Toutefois, j'aime aussi être un peu isolé de temps en temps, cela me laisse le temps de prendre des photos: j'aimerai saisir la tache rouge de l'arbre à côté de cette maisonnette blanche, les troncs blanc argent des bouleaux qui se détachent sur le roussi des fougères, et cette forêt aux tons mordorés...mais le soleil ne donne pas assez, et mon smartphone en zoom n'est pas très net...ou alors c'est moi qui tremble, c'est très possible: j'ai toujours eu tendance a trembler, et ce, depuis tout jeune. Voyez plutôt:

ance20171105

La balade était courte: nous sommes déjà revenus aux voitures, à peine une heure et demi après notre arrivée sur place.
Nous cassons une petite croûte au bord d'un gave aux eaux marrons: je me fais la réflexion que cette couleur est étonnante pour un court d'eau qui s'appelle le vert... mais c'est signe qu'il pleut plus haut, sans aucun doute.
C'est à présent que j'ai froid...

Une fois rentré chez moi, je grignote, tout en feuilletant un petit guide de rando: demain il devrait faire beau, et je ne compte pas rester en plaine: je suis seul et quand c'est ainsi, je préfère être là haut...
J'ai vraiment très froid à présent, malgré la bonne douche chaude qui a détendu mes muscles, tout à l'heure, et je me demande si ma chaudière ne s'est pas arrêtée: cela lui arrive de temps en temps...ouf: non: les radiateurs sont chauds. J'enfile un pull supplémentaire, puis, ayant allumé la télé et m'étant allongé sur mon canapé, je me glisse sous une couverture, pour regarder confortablement une superbe émission sur les peuples du néolithique. Bien au chaud, je sombre dans une douce torpeur, tandis que mon chat vient s'allonger sur mon ventre: pas folle la bête ! Bah, tant qu'elle ne me laboure pas la peau de ses griffes, je ne dis rien. Il fait bon...
J'ai dormi, j'ai même fait un rêve étrange: je rêvais que je dormais, puis que, m'étant éveillé, je n'arrivais pas à ouvrir les yeux, même en forçant ! C'était très angoissant. S'y mêlaient mon gamin et ma convive de ces jours derniers...
J'ai finalement réussi à me réveiller. Je rejette alors ma couverture et enlève mon pull. Il est 17h, j'ai soif, c'est l'heure du thé... Ah, il va falloir que j'aille acheter du pain...à moins que je n'ai le courage de m'en faire.
Mon retour sur terre passe par cette contingence bassement matérielle qu'est l'estomac ! ;)