Il y a quelques années, j'avais réalisé cet exposé pour un forum de discussion que je fréquentais, à propos du morceau intitulé "La Moldau" (un de mes morceaux préféré en musique classique, avec les 4 saisons de Vivaldi, ou la symphonie pastorale de Beethoven) , exposé réalisé à partir de ma petite connaissance du morceau, ainsi que de renseignements glanés de ci, de là, sur le net; je l'ai un peu amélioré et je vous le remets ici. A dire vrai, j'en ai fait un autre sur les quatre saisons de Vivaldi, mais ne soyons pas trop gourmand: pour cette fois, je vous laisse savourer celui-ci:

Afin de faciliter la compréhension, J'ai mis des liens sur quelques mots ou noms qui pourraient vous être inconnus, liens menant vers des pages explicatives dans des sites externes, liens qui s'ouvriront dans une nouvelle fenêtre.


La Moldau est un poème symphonique - c'est à dire une pièce inspirée par une idée non musicale comme un poème, un tableau, ou une description de paysage - et a été écrit pour grand orchestre par le compositeur Bedrich Smetana, (1824- 1884) musicien tchèque qui a exalté le sentiment national de son pays.

La Moldau dépeint le cour de la rivière Moldau ( en Tchèque Vltava) de sa source jusqu'à sa confluence avec l’Elbe, ainsi que les paysages traversés et les scènes se déroulant sur ses rives.

Le compositeur avait noté ses intentions sur la partition:

“Deux petites sources jaillissent à l’ombre de la forêt Sumava, l’une chaude et agile, l’autre froide et endormie. Elles s’unissent. Dans sa course hâtive, le torrent devient une petite rivière, la Vltava, qui se met en route à travers le pays thèque. Elle traverse les noires forêts où retentissent les sonneries d’une chasse. Elle traverse les fraîches prairies où le peuple chante et au danse au son des notes campagnardes. Au clair de lune, les fées des eaux, les roussalkas, y rondent et s’y ébattent sur le flot argenté, dans lequel plus loin se mirent les châteaux revêches, contemporains de la vieille gloire et des vertus guerrières. Dans les défilés de Saint-Jean, elle écume en cascade, se faufile à travers les rochers et fend les vagues contre les rochers épars. Puis s’étalant dans son lit élargi, elle roule majestueusement vers Prague, où l’accueille Vysehrad, antique et solennel. Ici, en pleine force et gloire, le Vysehrad se perd aux yeux du poète dans les lointains infinis.“

Cliquez sur la flèche de lecture de la vidéo ci-dessous

Essayez de suivre ce que décrit la musique: n'hésitez pas le cas échéant à revenir en arrière afin d'en réécouter une partie: il suffit d'amener votre curseur en bas pour faire apparaître la ligne de temps et cliquer l'endroit voulu. De même quand vous placez ainsi votre curseur, vous pouvez visualiser le minutage.

Écoutez, le voyage commence...

1. Naissance de la Moldau (thème de la source, thème de la deuxième source) L’œuvre commence piano (doucement) par un thème ondulant aux flûtes ,accompagnés par les pizzicati des cordes (violons et harpe). Ceci représente la première source auquel va s’ajouter la seconde à la clarinette. Fermez les yeux un instant et laissez voguer votre imagination... Les deux thèmes vont d’abord se répondre, se superposer puis dans la vitesse des doubles croches se mélanger. De cet important flux de notes va découler le thème principal de la pièce en deux parties, la première ascendante, et la deuxième descendante, ce qui donne l’impression de vagues, le tout en ternaire, plus souple, et donc plus approprié à quelque chose d’oscillant comme de l’eau. Quelques instants plus tard, les deux sources se rejoignent et voilà la rivière formée: elle roule et roucoule, gaie, sautillante, écumant les rochers, dévalant fièrement la pente. La Moldau vient de naître. Les violons chantent le thème principal qui la représente : c'est une mélodie, simple et souple comme un vieux chant populaire bohémien...laissez vous aller

2. Chasse dans la forêt (sonneries de chasse et débit de la rivière) - à 3'15 du début environ:

Après la sérénité du fleuve arrive la forêt de Bohême (Thème des Bois: hautbois et clarinettes), d’une atmosphère plus inquiétante. Prétez l'oreille: au loin résonnent les échos d'une chasse à courre. Les sonneries de la chasse sont jouées par les cors et les trompettes qui se répondent.

En même temps, les instruments à cordes continuent à dépeindre le débit de la rivière...

3. La noce campagnarde - à 4'08 du début environ:

Heureusement, la rivière (et l’orchestre !) retrouve son calme initial et s’approche d’un village où l’on célèbre des noces... En réalité, ce passage n’est qu’un prétexte pour composer une danse populaire tchèque au rythme bien marqué (rappelons que l’œuvre a été écrite pour la nation...).

4. Clair de lune -jeux de nymphes - à 5'30 du début environ:

Alors que la noce se termine, l’atmosphère se trouble de nouveau : la nuit tombe. Un accord très dissonant amène à la tonalité de la majeur. L’orchestre devient impressionniste, C’est alors que s’élève aux cordes le magnifique et mystérieux chant du clair de lune.La mélodie est jouée très doucement par les cordes; les flûtes et les clarinettes évoquent le flot de la Moldau...

5. Les rapides de Saint-Jean - à 8'59 du début environ:

Dans les gorges de Saint-Jean, la rivière accélère sa course ! L'eau tourbillonnante est dépeinte par les cordes, les rochers contre lesquels elle se jette, les chutes sont représentés par les cuivres : un effet d'effroi est donné par les notes stridentes du piccolo. C'est un "tutti" (c.a.d. tous les instruments jouent) éclatant de l'orchestre qui dépeint les tourbillons des flots tumultueux !

La cadence s’accroit petit à petit et le thème devient alors une pompeuse marche militaire toujours à la gloire de la nation naissante,à 10'15 du début, environ:

6. La Moldau élargit son cours - à 11'42 du début:

Enfin, c'est la grande plaine de Bohême. La rivière délivrée roule ses eaux vers Prague; c'est un fleuve large et majestueux qui s'impose...

L'entrée dans la capitale est saluée par un motif puissant, qui sonne en larges accords à tous les cuivres comme un hymne triomphal ! C'est l'image de l'antique forteresse qui surmonte la ville sur le rocher de Vysehrad et la cathédrale de Prague au pied desquels passe la Moldau.

Enfin, la Moldau s'étale et se dissout dans l'Elbe environ 11'35 du début:

Les accords de l'orchestre sont de plus en plus amples. La musique décroît: les rives s’éloignent, le flot se dissout, tout est calme....

Deux accords fortissimo (volume sonore très élevé) terminent cette œuvre formant une dernière cadence.

Le voyage vous a plu ? ;-)

Mais ce n'est pas fini: je vous conseille, après avoir lu tout ceci tout en écoutant, de faire revenir la vidéo au début, puis de vous installer plus confortablement et de fermer les yeux pour réécouter, concentrez-vous sur la mélodie et les instruments et c'est là que la magie de la musique classique va opérer: vous allez littéralement vivre la musique et même les yeux fermés, vous verrez des images

Voyez-vous j'aime toutes sortes de musiques, y compris la variété, mais il n'y a que la musique dite classique (ou approchante) qui me fasse cet effet-là. Et vous ?