Vie continue

J'aurais pu appeler ce blog "Pensées", ou "Réflexions" ou "Chroniques d'une vie ordinaire", que sais-je ? J'ai choisi Vie continue car à chaque tuile qui tombe,il faut à chaque fois, non pas repartir - car on ne s'est pas arrêté - mais continuer: il n'y a pas d'autre alternative. Continu ou alternatif, maintenant vous êtes au courant !

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dimanche, juillet 3 2022

C'est la fête au village

Aujourd'hui c'était la fête au village. Cette fête est l'occasion pour tous les villageois de se retrouver pour un grand repas bien animé, avec musique, chants et danses. Cela fait plusieurs années que j'y vais. J'y ai déjà participé quelquefois, accompagné ou non, espérant arriver à me mêler à tous ces gens et m'amuser autant qu'eux. À dire vrai, tout dépend aussi à côté de qui l'on se trouve pendant le repas: il y a des gens avec qui le courant passe bien, et qui aiment rire et d'autres avec qui ça passe moins bien. Je me rappelle y être venu une année où j'étais seul, et où j'avais vu avec stupéfaction et grand plaisir nombre de gars que je connaissais, venir me rejoindre et m'entourer  à la fin du repas voyant que je me morfondais un peu tout seul dans mon coin: nous avons parlé, chanté et ri ensemble et je dois dire que j'avais été un peu bouleversé de cette gentillesse qui m'était témoignée, si naturellement, alors que je n'avais rien dit, ni manifesté. Mais autrement, j'ai toujours eu un peu de mal à m'intégrer vraiment à ces manifestations. Je ne suis pas vraiment un fêtard. Sans doute me posais-je trop de questions ? Mais il est vrai aussi que je n'ai jamais eu l'habitude de faire la fête ainsi qu'ils le font. Il se connaissent depuis des années qu'ils habitent au village, où leurs enfants grandissent. Le comité des fêtes est composé de tous ces jeunes gens que l'on a connu petits et qu'on voit soudain en train de faire la cuisine et servir: ils sont alors devenus de grands gaillards et de belles filles, c'est là que l'on mesure le temps qui passe, lorsqu'on voit en face des visages qui, eux, vieillissent. Et toutes ces générations se succèdent et c'est très bien ainsi.
Avec mes parents, nous vivions en famille et nous ne sortions guère de ce cercle. Quand à ma propre famille que j'ai voulu créer, elle n'a jamais vraiment existé, et pourtant ce n'est pas faute de l'avoir voulue. Il était dit que je n'allais pas emprunter le chemin le plus évident: ma femme m'a quitté de la plus horrible des manières et je n'ai plus aucune nouvelle du gamin que j'ai élevé. Je suis le dernier de ma lignée, mes frères et sœurs n'ont pas trouvé à se marier: il n'y aura plus personne après moi, c'est ainsi.
Le problème de ces fêtes c'est d'abord le bruit: sous le grand chapiteau où le repas a lieu, chacun parle plus fort que le voisin, qui parle à son tour plus fort puisqu'il n'entend pas grand-chose et puis tout le monde finit par crier si bien que les personnes bien entendantes arrivent peut-être à se comprendre mais les autres, dont je fais partie, se contentent de sourire en hochant la tête de temps en temps, sans rien comprendre à ce qui se dit autour d'eux. Après, il y a aussi les chansons, dont on aimerait bien connaître les paroles, pour les reprendre en chœur comme tout le monde autour: à une époque, sur une site internet, j'avais fait une liste de ces chants festifs, en mettant des vidéos karaoké car je me disais que peut-être d'autres gens étaient dans le même cas que moi et que ça leur rendait service, mais là je dois dire que j'ai pris du retard: je suis dépassé, et je ne me rappelle même plus des paroles de certaines vieilles chansons. Alors je bois un verre de vin puis un autre puis un autre encore, la tête me tourne, j'essaie de me mettre dans l'ambiance, je braille autant que les autres, je tape sur la table en rythme, je fais tourner ma serviette au-dessus de ma tête et puis tout retombe, les gens parlent autour de moi, je ne comprends plus rien, je souris, manière d'être aimable, état second, et pendant deux secondes, je me demande ce que je fais là...
Quand vient le moment de danser, je me sens les jambes lourdes, et suis mal assuré; ma compagne ne vaut guère mieux, et ne répond pas à mon invitation, ouf: si elle l'avait voulu je l'aurais faite danser mais là, je n'insiste pas. Nous décidons de rentrer car de toute façon, elle a affaire chez elle. En partant, j 'aperçois quelques visages connus de gens avec qui j'aurais eu plaisir à discuter, et puis non: je fuis, nous fuyons. Nous ne partons pas directement et allons faire un petit tour à pied, histoire de nous remettre les idées en place et également de calmer le bourdonnement de nos oreilles: le niveau sonore était sacrément élevé et pour moi qui ai déjà des acouphènes, c'était trop. Nous nous avouons qu'autant l'un que l'autre, nous avons toujours eu du mal à nous intégrer à ces fêtes, pourtant si sympathiques...
Ma compagne est à présent partie et soudain l'orage éclate. J'avais songé revenir à la fête après son départ mais à présent l'esprit n'y est plus, et puis si même la pluie s'en mêle...

lundi, mars 21 2022

C'est lundi...

C'est lundi. La semaine commence, ma chérie a repris le boulot et, et je me retrouve livré à moi même. Je n'ai pas envie de rester chez elle, mais je n'ai pas vraiment envie non plus de me retrouver seul chez moi...je prends ma voiture et je vais d'abord passer celle-ci au jet: elle en a grand besoin, et il me reste des jetons de la dernière fois.
Une fois cela terminé, je passe en ville pour acheter mon pain et je prends la route...pas la plus courte: il me plaît de changer d'itinéraire, parfois, et, en plus, j'ai une petite idée derrière la tête : et si j'allais manger quelque part, faire comme si j'étais en vacances, jouer aux touristes, voir du monde ? Il est vrai que quand on est à la retraite, on est toujours en vacances, mais partir se dépayser, ce n'est pas déplaisant...

La route que j'avais empruntée, menait, si je la poursuivais, à une petite ville fortifiée où, autrefois, dans une autre vie, j'avais eu quelques habitudes. En ce lundi, début de semaine, je savais que c'était là que j'avais le plus de chance de trouver une auberge ouverte, vu que la ville était touristique.
Une fois arrivé sur place, je laissais tomber le bar-restaurant je fréquentais à une époque, et que je savais servir une bonne cuisine familiale un peu trop lourde pour aujourd'hui, pour une me tourner vers une taverne qui n'était pas si récente que cela mais dans laquelle je n'étais encore jamais allé: elle avait, qui plus est, une terrasse ombragée, encore vide à cette heure-ci, qui me tendait les bras.
Ce fut un repas simple: crudités en entrée, poisson purée, flan au caramel et café mais je ne cherchais pas vraiment la gastronomie.
Je terminais mes crudités lorsque les clients commencèrent à affluer. Comme je le subodorais, c'était surtout des gars du bâtiment, vêtus de vêtements de travail poussiéreux et qui se saluaient à grand renfort de poignées de main. Tout le monde se connaît plus ou moins dans ces genres de métier. Il y avait là, des maçons, des électriciens, des plombiers, des menuisiers, des jardiniers et j'en passe, apparemment aussi, quelques employés de bureau, ainsi qu'un couple de cyclotouristes, et deux retraités en vadrouille. Je terminais mon repas au milieu du brouhaha des conversations.
Après, j'eus l'idée de de ne pas rentrer chez moi de suite mais de poursuivre plus loin, vers une autre petite ville fortifiée, au bord de la rivière, célèbre pour son pont du treizième siècle. Je l'avais visité, il y avait longtemps et ma foi je me disais que j'y retournerais bien: il y avait de quoi faire une bonne balade digestive par là-bas...
J'y retrouvais bien le paysage dont je me rappelais. Vu l'heure, la petite ville était déserte: à 13h les gens ne sont pas encore sortis de table. Je me rappelais toutefois, que même en plein milieu de l'après-midi, il n'y avait là guère de monde: ces petites villes avaient sûrement beaucoup d'activité au Moyen-Âge mais de nos jours, elles périclitent. Dommage.
Je garais ma voiture sur un grand parking à moitié désert et je fis un grand tour à pied qui m'amena près du fameux pont, et aussi sur une île au milieu de la rivière. Autrefois, il y avait la un grand troupeau de chèvres, avec un vieux bouc aux cornes immenses qui faisait souvent peur aux enfants. L'île a été abîmée par la dernière crue qui, il est vrai, s'était montrée redoutable cette année, et le troupeau n'y était plus. Je me suis demandé un bref instant si cette absence était en rapport ou non avec cette crue... Le sentier était agréable, à la fois ensoleillé et ombragé, avec quelques panneaux sur lesquels étaient inscrit des poèmes de Musset, Verlaine, Apollinaire et bien d'autres. Je m'assis un instant sur un banc pour goûter le charme du lieu...
Je pris un autre chemin pour rejoindre ma voiture, afin de faire une boucle... je pris aussi quelques photos...
Pendant plus d'une heure, j'avais vraiment vraiment eu l'impression d'être en vacances bien loin de chez moi.

Pour le retour, l'envie me prit de ne pas rentrer par la route principale mais par de petites routes que je n'avais pas empruntées depuis très longtemps, une manière de faire durer le plaisir du dépaysement...
Je traversai toute une série de villages déserts, et pour cause: à cette heure-là, les plus vieux sont à la sieste et les plus jeunes sont au boulot

Dans cette plaine, je voyais toute la chaîne des montagnes et je me fis la réflexion que finalement, il ne devait pas faire si mauvais que ça, là-haut contrairement aux prévisions... dommage: j'avais songé à y aller pour skier, tant qu'il y avait encore un peu de neige, mais hier les prévisions météo m'en avait dissuadé... Allons, ce ne serait que partie remise.
Je roulais lentement sur cette petite route déserte, appréciant le paysage. Je reconnaissais certains endroits, sans chercher à m'appesantir sur mes souvenirs: depuis quelques temps, j'essaie d'éviter de penser à un certain passé qui a tendance à me poursuivre: pas plus tard que ce matin, je me suis encore éveillé d'un cauchemar à son sujet.
Arrivé un carrefour proche de chez moi j'hésitais à poursuivre ou à rentrer directement... je choisis la deuxième option: il faisait beau et je négligeais mon jardin depuis trop longtemps...

mercredi, avril 28 2021

Création informatique

Toutes ces histoires de virus, de confinements, de vaccin etc, ont fini tout de même par me porter un peu sur le système, même si j'ai choisi de m'isoler chez ma compagne, plutôt que nous restions chacun seul dans notre maison. Bref, moralement, je n'étais pas au top de ma forme, et comme dans pareil cas, je sais que si je me laisse aller, mon moral s'en ressent, car je pars irrésistiblement vers des considérations existentielles, et donc, j'ai décidé de me lancer dans quelques travaux, afin de m'occuper l'esprit.
D'abord, numériser la (ou les) centaines de diapos en ma possession, que je ne regarde plus, car c'est tout un bazar d'installer l'écran (que, d'ailleurs, j'ai du bazarder car il avait pris mal), et l'appareil à diapo. Au moins, si les photos sont numérisées, pas de problèmes, je peux facilement les projeter sur ma télé. Ma compagne ayant récupéré un scanner permettant cela, j'en ai profité.
Mais j'ai décidé également de me lancer dans une amélioration de certains sites d'association que j'ai créé il y a quelques années, améliorations que je repoussais sans cesse, en bon procrastinateur que je suis...
Bref, au jour d'aujourd'hui, cela fait maintenant plus de quinze jours que je me suis attaqué à un petit problème que je rencontrais sur un site. La situation était celle-ci : sur la page d'accueil du site en question, j'avais fait autrefois un emplacement pour pouvoir y placer une image illustrant la période en cours, image que je changeais régulièrement...
Ayant eu quelques problèmes de santé et m'étant donc retrouvé dans l'impossibilité de gérer cette histoire d'image, l'idée m'est venue d'automatiser la tâche, au moins pour certaines images, comme les saisons, qui durent trois mois, et au sein de ces saisons, diverses fêtes, comme Pâques, Noël, le jour de l'an, le 1er avril, le 1er mai, etc, les événements ponctuels pouvant, eux, continuer à être mis manuellement, juste en saisissant une fourchette de dates...
Ça paraît simple, comme çà, mais ça ne l'est pas vraiment. J'avoue toutefois que je m'en doutais un peu... En effet, s'il m'était facile de programmer x événements un an à l'avance, déjà, rien que les faire se reproduire chaque année, n'était pas de la tarte. En effet, dans le langage des bases de données, j'eus beau chercher dans ma documentation et sur internet, je ne trouvais rien de tout fait pour ne gérer que le mois et le jour, sans l'année. En langage php, j'avais une vague idée de la manière dont cela pouvait se faire, mais au final, je me disais que cela donnerait un code peut-être un peu lourd, d'autant que se posait un deuxième problème: comment faire pour enregistrer mes saisons, alors que parfois, au sein de ces saisons, certaines fêtes prennent le pas pour disparaître ensuite ? Devrais-je morceler toute l'année en une multitude de périodes ? Et comment faire si je voulais par la suite enlever ou rajouter des évènements facilement ? Parce que voyez-vous, j'essaie à chaque fois d'analyser les choses en pensant au futur et à des besoins qui pourraient se faire sentir: j'essaie de tout prévoir à l'avance, ou du moins le plus possible, cela évite un surcroit de travail le jour où l'on veut modifier quelque chose. En quelque sorte, je me fais un genre de cahier des charges, que j'essaie ensuite suivre. C'est souvent cela qui pèche, lorsqu'on fait un site: le dernier que j'ai fait, j'avais essayé d'établir ce cahier des charges en posant des questions à celui qui allait en être un des utilisateurs principaux, et malheureusement, il n'avait pas bien compris le but de cela. Résultat, quand il m'a demandé de faire certaines modifications, je me suis vu obligé de tout recommencer de A à Z, la conception de départ n'étant pas faite pour ce qu'il me demandait. Je dois dire que cela m'a mis quelque peu en colère, car apparemment, il ne réalisait pas du tout, tout le boulot que cela faisait, d'autant plus qu'au départ, j'avais évoqué la chose et qu'il m'avait dit que non. Encore une fois, j'aurais dû m'écouter, moi. Oui, parce que ce genre de choses, ce n'est pas la première fois que ça arrive....Fermons cette parenthèse: aujourd'hui, pour ce site-là, c'est moi qui suis l'utilisateur principal.

Je posais donc quelques questions dans deux forums informatique de ma connaissance, où je savais pouvoir trouver des gens pointus: mon premier souci, à mon avis, était que je n'arrivais pas à bien analyser le problème, or en informatique, si on arrive à bien analyser le problème en le décortiquant correctement, après, le reste n'est plus que de la technique, et la technique, il suffit de l'apprendre, si on ne l'a pas.

Je partais donc sur une histoire de code automatique d'affichage qu'on puisse débrayer, afin de le remplacer momentanément par un autre, manuel, celui-là.
Je n'obtins pas vraiment la réponse souhaitée, mais celle-ci me fit réfléchir et me dire que je me fourvoyais dans quelque chose de trop compliqué: ne pourrais-je pas combiner les différents langages pour essayer de résoudre mon problème ?
En effet, j'avais à ma disposition, d'abord le langage sql permettant de gérer les bases de données et d'y faire des requêtes pour aller y chercher des infos enregistrées, le langage php permettant de faire le lien entre les bases de données et la page pour afficher le résultat des requêtes, et les langages html et css, permettant d'afficher le résultat à ma guise.
Je me dis donc d'abord qu' au lieu de faire un code affichant ceci ou cela selon la date, puis un autre avec une autre condition de date, il serait sans doute plus simple de modifier la table où seraient stockées les données des images, et d'y rajouter les champs: début, fin, image-spéciale (avec format booléen: 1 pour oui, et 0 pour non), puis de fusionner les 2 requêtes en une seule afin que si il y avait deux images correspondantes pour la date, on prenne en priorité celle ayant la valeur image-spéciale non nulle. Je me rendis compte que j'allais monter là un genre d'usine à gaz, et je cherchais donc plus loin, en me disant que bien souvent, le plus simple était la meilleure solution...

Je repartis donc sur mon idée de code "normal", puis envisageais de rajouter un code pour les images spéciales, images qui viendraient éventuellement se mettre par dessus l'image normale en cours, ceci grâce au  langage CSS qui permettrait, en plus, de définir des priorité d'affichage selon la couche.
Partant  de là, j'affinais encore plus: j'avais trois catégories d'images: les saisons, puis au sein de ces saisons, les fêtes, puis rajoutées à tout cela, des évènements ponctuels, et donc, la solution était simple: il fallait 3 couches d'images, avec une requête différente pour chaque couche. Dans ma base de données, j'éclatais donc ma table contenant toutes les infos des images, y compris les dates de début et fin d'affichage, en trois tables distinctes, une par catégorie.

Je me retrouvais à nouveau face à un hic, plus technique, celui-ci: si je savais afficher une image en comparant sa date complète (jour mois année) de début et fin d'affichage avec la date du jour, je ne savais pas faire cela uniquement avec le jour et le mois...Et d'abord, comment enregistrer mes dates dans la base de données, puisqu'il semblait que dans celle-ci, le format de date jour-mois, seuls, n'existait pas ?
Je posais à nouveau la question sur les forums...Sur l'un, un ami me proposa un code complexe visant à enregistrer les dates au format date normal, puis à modifier l'année des évènement par un système de mise à jour automatique à chaque ouverture de la page...Parallèlement sur l'autre forum, quelqu'un m'aiguilla sur la manière de faire une requête pour extraire d'une date donnée, le jour ou le mois et les comparer à ceux d'aujourd'hui, mais ça me sembla sans issue car en comparant les jours et les mois séparément, ça ne fonctionnait pas, et pour cause...Alors j'essayais d'extraire les données séparément pour les concaténer ensuite, mais ça ne fonctionnais toujours pas: toujours un problème de format, supposais-je.

Je dois dire que je désespérais un peu, même si je sentais que je n'étais pas loin du but: j'avais l'impression d'avoir un boulot considérable à faire, et que cela allait m'écraser....

Et puis sur un forum, je posais une question de manière un peu sarcastique, je dois dire, à quelqu'un qui me parlait de datetime (le datetime est un format de date incluant tout: année, mois, jour, heure). Sarcastique, parce que, englué dans mes croyances, je me disais que celui-là se croyait plus fort que les autres: "Le datetime incluant l'année, ne vais-je donc pas être obligé de modifier mes dates chaque 1er janvier ?" Et il me répondit avec assurance que non, heureusement: il suffisait de mettre dans ma table évènement le jour et le mois de début, le jour et le mois de fin...

Je commençai à réaliser soudain que je m'étais peut-être mis une barrière qui n’existait pas: dans mon esprit, si j'avais une date quelconque: 2021-04-28 par exemple, si je forçais son écriture dans le format 04-28 via une formule, le 2021 existait toujours quelque part, même s'il n'était pas écrit, alors qu'il semblait bien que non ! Aargh ! Et j'en étais tellement persuadé que je n'avais même pas pris la peine de tester !!! Quelle erreur grossière de ma part: je me serais ainsi évité bien des réflexions inutiles ! Le pire est que discutant avec mon pote, qui lui, est informaticien de métier, j'avais tellement orienté mes réflexions que lui non plus ne s'était pas posé la question, et était parti dans une mauvaise direction.

Et puis, dans la foulée, dans la même discussion,  un autre écrivit une phrase qui me donna à réfléchir, vu où j'en étais de mes réflexions: "Tu peux formater les dates à ta guise..."
Sacrebleu !
Et si...? Une illumination ? Presque, LOL: le format mois-jour n'existait pas dans la base de données, mais plutôt que de stocker sous ce format, on pouvait stocker au format normal et formater ensuite les données extraites. Une évidence, n'est-ce pas ? Un prof de philo nous disait que l'évidence est extrêmement subjective... Et oui, tellement évident que je ne l'avais pas réalisé !
N'étant pas un maitre es langage sql, je me mis à tester, avec empressement, différentes "orthographes", pour exprimer ce que je voulais... et tout d'un coup, devant mes yeux un peu ébahis: Yesss ! Ça fonctionne ! Euréka ! :-D

Toute la tension accumulée ces derniers jours s'envola d'un seul coup ! :-)

Mais aussitôt après, douche froide !

Non je vous rassure, ce n'était pas une question de code, mais simplement qu'il me fallait mettre à jour toutes mes tables en prévision de l'affichage public, et ça me parut un immense boulot...Je me dis un instant que je n'y arriverai jamais...Je vous l'ai dit: depuis quelque temps, je ne suis au top dans ma tête.
Et puis, je me suis fait violence: je me suis pris par la main, en me disant qu'après tout j'avais tout mon temps, qu'il n'y avait pas d'urgence mais que si je ne m'y mettais pas, ben forcément, ça ne se ferait pas tout seul...je ne sais pourquoi, cela m'a fait penser à ces gens qui trouvent que c'est long d'avoir un rendez-vous chez certains médecins spécialistes et qui, à cause de cela, ne prennent jamais rendez-vous, et du coup, effectivement, c'est long...
Bref, je m'y suis mis et finalement en moins d'une heure, j'avais fini ! Waouh ! Faut dire que lorsque je suis concentré, je suis en général assez efficace dans mon boulot: c'est tout juste si je pense à respirer ;-)
A dire vrai, j'ai pris la sage résolution d'éteindre mon ordi avant 21 heures tous les soirs, car sinon, l'expérience m'a montré que je ne vois pas le temps passer et je me retrouve parfois à 5 ou 6 heures du matin (mon record) encore dessus, et après dans la journée, je suis au radar complet.

Bref, du coup, d'avoir résolu ce problème, j'ai repris de l'estime de moi-même, et mon moral est remonté en flèche !La création, dans quelque domaine que ce soit, me fait toujours cet effet-là: y a pas à dire, c'est valorisant.

Bon évidemment, il faudrait que je remanie la structure globale du site, parce que je m'étais largement inspiré d'un site américain, en leur piquant un peu de code, or plus tard sur un autre site, j'ai réussi à reproduire le même genre, avec mon code à moi, et en plus efficace et moins lourd....Alors, oui...il faudrait... :-D

Bien sûr, quand on est perfectionniste, un site n'est jamais terminé : on rebondit d'amélioration en amélioration, l'une entraînant l'autre...

C'est exactement ce qui se passe: je viens à peine de terminer cela, que je voudrais améliorer autre chose: l'affichage du site pour les i-pad. En effet, ce site est responsive, c'est à dire que son aspect s'adapte à la taille de l'écran, or, si pour les écrans de type smartphone, le site est simplifié, certains éléments étant alors cachés, pour le format i-pad,, qui est intermédiaire entre les smartphone et l'ordinateur, l'affichage pourrait être meilleur, à mon avis. Seulement, n'ayant pas pratiqué depuis longtemps ce genre de chose, il faut que je révise mes bouquins: c'est fou ce que je peux oublier... Je me dis que je ne devais pas avoir aussi bien appris que je le pensais. Prochaine étape, donc: révisions !

samedi, juillet 18 2020

Ferme en deroute

J'arrive non loin d'un joli corps de ferme, mais en me rapprochant, je le trouve décevant: peinture écaillée, cour sale et empoussiérée...
Et voici ce qui a été autrefois un jardinet avec quelques arbres fruitiers, quelques clapiers ruinés, portes ouvertes. J'essaie d'imaginer ce qu'il était à l'époque où tout cela servait encore. ..
Dans la cour, quatre voitures; non pas de rutilants bolides: ici, on sait le prix des choses et on les use jusqu'à la corde.
On voit qu'ici la vie a été bonne et qu'à présent elle est plus dure. On sent que certains ne se battent plus et laissent couler les jours en essayant de survivre. Les maisons sont à l'image du moral de leur propriétaire.
J'avance sur la route...
À gauche une maison récente : une famille déjeune gaiement sur la terrasse... J'avance encore, vers cet endroit que je préfère: un petit canal, une rangée de peupliers et des vaches dans la prairie derrière. Pourquoi aimé-je tant cet endroit ? Je ne sais pas trop: je crois bien qu'il m'évoque quelque chose d'autrefois qui lui ressemble... ce doit être un bon souvenir, vu l'effet que cela me fait mais il doit être bien lointain car je n'en perçois plus que l'effet... Qu'importe, après tout ?
Puis ce sont encore d'autres bâtiments, les volets disjoints, le crépi qui se décolle, la rouille qui s'installe... et les pigeons aussi. Seul indice de la vie : un tas de bois soigneusement rangé le long du mur, et protégé d'une bâche noire...
Là aussi, la vie autrefois devait être bonne, mais l'époque de l'opulence est partie.
La dernière fois que j'y suis allé c'était il y a plusieurs années: j'avais monté quelques marches  puis la mère m'avait reçu dans sa cuisine, pièce sombre éclairée des sempiternels tubes au néon bleuâtres...
Il ne reste plus aujourd'hui que le silence ponctué par les roucoulements des pigeons qui ont pris possession des combles
Le petit canal bouillonne bruyamment le long de la route... que d'histoires aurait-il à nous conter ? Des hommes, des femmes vivant, riant, pleurant, espérant. Des bambins qui naissent et qui grandissent. Le travail est dur mais c'est tout de même le bonheur. Et puis les années passent, les dos se courbent, les cheveux blanchissent, les douleurs arrivent, la jeunesse n'est plus qu'un souvenir, même si la tête, elle, n'a pas vieilli. Puis d'autres vies prennent leur place...
J'ai avancé sur la route, abandonnant cette ferme en déroute...

lundi, novembre 5 2018

Retour dans le matin

Pas de photo pour moi, autre que dans ma tête, voyez plutôt :
Ce matin je me suis levé tôt et ai pris la route pour rentrer chez moi. La route était belle: les arbres prenaient enfin ces belles couleurs mordorées et rousses typiques de la saison. Côté plaine, quelques nuages aux doux contours lenticulaires, garnissaient le ciel de leur tendre ouate blanche, alors que côté montagne, ils arboraient des bords acérés et gris. Tout au fond cela tirait plutôt sur un triste et sombre bleu, comme si la nuit y avait trouvé son dernier refuge. La montagne paraissait sinistre... Je reconnus l'Orhy, isolé, parsemé d'une neige qui faisait ressortir ses reliefs, l'Anie, l'Arlas, le Billare, puis plus modeste, le Trône du roi... De tout cela sourdait une impression de sombre et triste froid, tandis que le soleil réchauffait les plaines de sa lueur dorée...
Je suis, à présent rentré chez moi, et, cruel dilemme, j'hésite entre finir ma nuit, bien au chaud sous une couette (j'ai les yeux qui se ferment), faire mon ménage et mon repassage, ou aller marcher sur la plaine... En écrivant ceci, je sens que je m'enfonce doucement mais sûrement dans mon fauteuil, mmmh...

mardi, mai 29 2018

Match de rugby

Dimanche dernier, ayant appris que l'équipe de rugby locale jouait à domicile, j'ai décidé, pour une fois, d'aller voir le match.
Cela faisait une éternité que je n'étais pas allé sur un stade: une vingtaine d'années, je crois bien, depuis l'époque où mon beauf jouait. Depuis, de l'eau a passé sous les ponts: mon beauf ne joue plus et de toutes façons j'ai coupé les ponts avec ma belle famille, enfin, c'est plutôt eux, ou les deux, mais ceci est une autre histoire.
Je n'ai jamais été un fana au point d'aller voir régulièrement les matchs, même si gamin j'avais la photo du Stadoceste sur le mur de ma chambre, ni même au point de les suivre tous à la télé, mais là, je me suis dit: pourquoi pas ? En plus, en tant que bénévole d'association, j'ai des bons de réduction pour l'entrée, qu'il faut que j'utilise et qui plus est encore le temps n'était pas exceptionnel, je n'avais rien d'urgent à faire, et je me suis dit que ce serait une bonne manière de m'occuper en faisant quelque chose d'inhabituel pour moi: je n'aime pas trop la routine, même si elle peut avoir ses bons côtés rassurants.

J'arrive avec vingt minutes d'avance, en me disant que ça suffit bien, mais au vu du nombre de véhicules garés dans tous les sens, j'en viens à en douter. Je ne tourne pas pendant une heure et je vais me garer directement assez loin, là où il y a beaucoup de places. Enfin non, pas si loin: 2 minutes à pied, à peine. En arrivant devant le parking du stade, je vois quatre grands gaillards à l'allure sportive s'extirper d'une petite voiture (mais comment ont-ils réussi à tous contenir dedans ?!!!) qui vient de se garer fort mal. C'est curieux cette manie des gens de vouloir se garer à tout prix au plus proche, même sans avoir spécialement de difficultés à marcher. Moi, ça ne me gêne guère de faire fonctionner mes jambes, bien au contraire.

Je traverse le parking et, m'approchant du stade, bien que le match n'ait pas encore commencé, j'entends déjà tambours, trompettes, sirènes et chants: houlà ! Ça promet !
Il n'y a pas trop de queue au guichet et du coup, après avoir acheté mon billet, j'ai le temps de serrer quelques mains pour dire bonjour. Je me fais la réflexion que moi qui me demande souvent ce que font les gens le weekend, et ben voilà par exemple ce qu'ils font: ils vont voir des matchs ! Une occupation comme une autre.

J'entre dans le stade. Quelle tribune vais-je choisir ? L'une bourrée à craquer avec une ambiance du diable, et l'autre moins remplie, qui semble très calme: peut-être les jeunes d'un côté et les vieux de l'autre ? Je n'hésite pas longtemps: d'abord je ne suis pas vieux (quoi que...), et ensuite, je suis aussi venu pour ne pas rester tout seul dans mon coin, je choisis donc la tribune pleine, me disant que j'ai plus de chance d'y rencontrer des gens que je connais, et ça ce n'est pas désagréable; je deviens très sociable, avec l'âge, décidément.

Je m'approche....Oups ! C'est encore plus plein que je ne l'aurais pensé, et je me dis que j'ai peu de chance de trouver une place assise et je décide de rester debout en bas. L'ambiance bat son plein: il y a une banda, des fumigènes, des chants, des cris, un brouhaha terrible. Ça me fait rigoler, mais pour parler franchement, je préfère le calme et le chant des oiseaux, ou à la rigueur, les fiestas en comité restreint et ce n'est pas dû qu'à mes acouphènes: question d'habitude sans doute, mais aussi de caractère.
Je vois pas mal de têtes qui ne me sont pas inconnues...petits signes de tête, serrage de mains, tapes sur l'épaule, voire grands sourires, un mot gentil: tous les échelons de la convivialité; tout ce contact ne me déplait pas, bien au contraire: comme je le disais plus haut, je suis aussi venu pour trouver un peu de cette chaleur humaine. Il y a des gens de tous genres: des jeunes, des moins jeunes, des gars, des filles, des silencieux, des bavards, des braillards, des qui semblent chercher quelqu'un, des maquillés en bleu et blanc, couleur de l'équipe locale, des mains dans les poches, des verres à la main, des gesticulants, des immobiles, des passionnés, des blasés, des rigolards, des filiformes, des balèzes...Moi qui me plaint parfois de mon petit embonpoint, je me sens mince au milieu de certains, taillés comme des piliers...des piliers de bar, me demandais-je ? Mais quelle mauvaise langue je suis ! Je ris intérieurement.
Mon voisin me demande si untel joue et essaie de discuter, mais, au milieu du brouhaha, je ne comprends rien à ce qu'il me dit, et puis heu...ma science du rugby actuel est quelque peu limitée: si j'ai été bercé par les Barbarians, All Blacks et autres (1973: the Try !) et si j'ai joué de temps en temps à l'école, ma carrière fut courte ! Je jouais généralement ailier car je courais vite, et en fait, si j'ai eu un certain succès (ou plutôt un succès incertain), ce fut aussi parce que je n'avais aucune envie de me faire choper ! Il parait que je savais bien esquiver et me faufiler (et ce, toujours pour la même raison), mais je n'étais pas si doué qu'on voulait me le faire croire, la preuve en est qu'un jour, je fus carrément "séché" sur place ! Aujourd'hui j'en rigole mais ce jour-là, je signifiai au prof que c'était terminé pour moi; il faut dire que le "séchage" eut lieu alors que je venais de passer le ballon, c'était donc de la violence gratuite et ça, ce n'est pas du tout mon truc: à une époque, d'ailleurs, je m'étais mis au ju-jitsu, justement pour essayer de développer mes instincts combatifs, mais j'avais arrêté après une côte fêlée: non décidément, la violence physique, c'est pas mon truc ! Ce n'est pas une question de peur de la douleur: j'ai pratiqué par la suite, sans réticence, des sports à l'issue parfois beaucoup plus douloureuse, mais quitte à me battre, je préfère le faire contre moi-même ou avec les mots: j'y ai plus de succès garanti.
Mais je m'égare, revenons à nos moutons.

Mon voisin bavard, donc, en désespoir de cause, n'insiste plus et finit par se tourner vers son voisin de droite.
J'ai l'impression que le bruit va en augmentant, ça me tourne un peu la tête et je songe finalement à aller dans la tribune en face qui a plein de places vides et qui semble beaucoup plus calme, lorsque les joueurs entrent sur le terrain en courant sous les ovations du public; trop tard ! Je verrais de changer de place à la mi-temps, car là, je ne veux pas en perdre une miette.

Ça commence assez fort...j'ai un peu de mal à me concentrer sur le jeu, j'ai la tête ailleurs: le bruit, tout ces gens....Et du coup je ne vois pas l'origine de la pénalité qui permet aux visiteurs d'ouvrir la marque ! Quelques minutes plus tard, une belle avancée de l'équipe locale capte mon intérêt: ça c'est le rugby que je me rappelle !
Pénalité...Touche...Mêlée...J'entends un bruit de tonnerre...et je comprends que ce sont les supporters, au bord du terrain, qui tapent à tour de bras des poings sur les panneaux publicitaires: c'est l'ovation pour l'égalisation !
Ça s'annonce être un beau match: ils en veulent les gars ! Je me laisse prendre par le jeu: un va et vient de belles actions, quelques maladresses de part et d'autre, quelques fautes aussi, de belles percées, de belles occasions, le match est serré. Les locaux mènent 6 à 3 à la mi-temps.
Je vais m'offrir un petit demi: ce n'est pas que j'adore la bière, mais ça me parait de circonstance et puis comme disait un copain, ça désinhibe ! Le verre à la main, je décide de faire le tour vers la gauche pour aller à la tribune d'en face. Je m'arrête un instant à la hauteur de la ligne de but qui sera celle des visiteurs lors de la deuxième mi-temps, car j'y rencontre la femme d'un pote, et je discute un peu. Finalement la rencontre reprend que je suis toujours là et je décide d'y rester et de m'assoir: l'emplacement ne me parait pas si mauvais.
Et ça repart bientôt sur un magnifique essai des locaux: ,d'où j'étais j'ai parfaitement vu le gars se jeter à terre pour aplatir: il y avait une belle photo à faire...Transformation sans problème. 13 à 3 ! Il semble que ça se présente bien, mais ayayaye: les visiteurs se reprennent, malgré une pénalité pour les locaux..

Ma voisine me fait remarquer ce spectateur, à droite, qui est tellement dans le jeu qu'il se penche et se tord, pour finir dans un coup de rein comme pour aider le ballon ! Je lui fais quant à moi remarquer ces grands gaillards à l'embonpoint prononcé qui gueulent après les joueurs alors qu'il vaudrait mieux pour eux retrouver le chemin des salles de sport: ça ne leur ferait, certes, pas de mal ! Je me demande à combien de bières ils sont (sourire)....En tout cas, tudieu, ils ont de la voix ! Par contre, je ne suis pas sûr qu'ils soient ou furent tous d'excellents joueurs ou entraineurs, vu ce qu'ils disent. Comme on dit: les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Bah si ça leur fait plaisir.

Bon mais voyons, ne nous laissons pas distraire: qu'est-ce qui se passe sur le terrain ? Le problème est que, de l'endroit où je suis, je ne vois plus très bien ce qui se passe sur la ligne des locaux: c'est trop loin, et nous ne sommes pas assez en hauteur, or il semble que...aaargh, oui: essai ! Oups, ça se corse: après une pénalité et un essai transformé, les visiteurs mènent ! les supporters se déchainent pour encourager leur équipe.
Enfin un nouvel essai des locaux ramène un score vainqueur. Le match se finit sur plusieurs tentatives des locaux tout près de la ligne des visiteurs: ils en veulent: ils foncent, défoncent, se font plaquer, repartent, paf ! à nouveau arrêtés, ça repart encore mais on sent que la fatigue commence à se faire sentir.
Enfin, alors que les visiteurs allaient repartir à l'assaut de la ligne de but adverse, l'arbitre siffle la fin du match ! Youpi ! C'est l'euphorie dans les tribunes ! Ouf ! Heureusement que je n'y suis plus, je serais devenu sourd !

Je me lève et m'étire. Ma voisine va rejoindre son homme. Je décide, pour ma part, de continuer mon tour vers la deuxième tribune avant de sortir, car de l'autre côté, quand tout ce monde va descendre, ça va se bousculer, et...non: très peu pour moi. Ça tombe bien, il y a aussi une buvette là-bas et je vais pouvoir y laisser mon verre vide: l'idée ne me vient même pas de le laisser par là, comme je vois pas mal de gens le faire.
Arrivé de l'autre côté, finalement, bien m'en a pris: je tombe sur quelques connaissances sympas du village: sourires, serrages de mains, on rigole, on discute et on s'achemine doucement vers la sortie...Enfin non, pas la sortie: très exactement la buvette près de la sortie ! Beaucoup de gens se retrouvent là. Une amie d'un certain âge, mais à l'énergie débordante, supporter acharnée ainsi que le montre le bleu et blanc sur ses joues, vient me saluer avec enthousiasme. Ça fait plaisir cette bonne humeur, et pourtant je sais qu'elle n'a pas de quoi rigoler tous les jours chez elle.
Dans le petit cercle des copains, ça discute sec du match, des joueurs, des derniers matchs et des prochains; on me prend à partie:"hein, que j'ai raison ?" heu...ouioui, t'as raison ! Je ris. Le problème est que dans la foule, j'ai toujours quelques problèmes pour suivre une conversation.
Un grand gaillard que je connais bien vient me dire bonjour tout en s'étonnant de me voir là: "Tiens ? Tu viens voir les matchs de rugby, toi ?" Je rigole: je ne dois décidément pas avoir l'allure de l'amateur type. M'en fiche: je suis comme je suis.
En l'occurrence il a raison: je ne suis pas un fana de rugby, mais je sais par ailleurs que je peux tromper mon monde: je parais être un mec calme, posé et rangé, et peu de gens m'imaginent faire de glorieuses folies, et pourtant j'ai un passé sportif un peu tumultueux, qui en étonnerait plus d'un. Chut: ce n'est pas le sujet, aujourd'hui: je vous raconterai ça une autre fois..ou pas !

J'en suis là de mes réflexions, lorsque j'aperçois de loin une personne dont la présence, en général, me ravit. Je songe à aller la saluer et engager la conversation, mais elle a l'air tellement bien à discuter avec son petit monde autour, que je me vois mal l'interrompre en jouant l'inopportun, et surtout...pour lui raconter quoi ?!! Je ne suis pas un grand parleur ni un beau parleur; en fait avec elle, je ne trouve pas de sujet de discussion, ça n'accroche pas, c'est aussi simple que cela. Je crois qu'elle ne m'a pas vu, alors je n'insiste pas et effectue un repli élastique sur des positions préparées à l'avance. Non, je rigole: je n'ai rien préparé du tout !. Pour dire la vérité, je me sens de moins en moins à l'aise ici: j'ai l'impression de ne pas être à ma place: une pièce rapportée, quoi.
Tout d'un coup, un moment d'inattention, une absence et mes potes se dispersent ! Zut, ils sont où ? Je ne le les ai pas vu partir ! Ah oui, là bas. Vais-je les rejoindre ? Bah, de toutes façons on n'était pas vraiment ensemble: juste une rencontre fortuite, et ils ont leurs amis à eux, et leurs habitudes. J'hésite à rejoindre un autre groupe ? Mon regard balaye les alentours...heu non, je me vois mal m'immiscer ici ou là.
Je reste seul au milieu de la foule, c'est à dire encore plus seul qui si j'étais tout seul. Vous voyez ce que je veux dire ? Je trouve que quand on est seul en rase campagne, c'est moins terrible que se sentir seul au milieu de la foule quand on ne connait personne ou que les gens vous ignorent, vous ne trouvez pas ? Non ? Ben moi si.
Aussi, quand j'aperçois des élus venir faire leur cour en saluant les uns et les autres, chose dont j'ai une sainte horreur, même si je connais bien la plupart et qu'eux aussi me connaissent (et peut-être même à cause de cela), je m'éclipse discrètement. Comme de juste, personne ne remarque mon départ.
Une fois le portail passé, le brouhaha diminue et je me retrouve face à un océan de voitures. Ça et là, je vois quelques têtes se déplacer dans le même sens que moi, signes que d'autres aussi abandonnent le terrain.
Je marche lentement: je ne suis pas pressé, personne ne m'attend et il ne pleut pas. Ouf ! Enfin un peu de calme, un autre monde...La marche me fait du bien: petit à petit, je me reconnecte à MA réalité. Je pense à mon jardin avec ses herbes folles qu'il faut que j'arrache, ma terre que je dois travailler, mes fleurs à planter: des activités qui me défouleront un peu. J'arrive à ma voiture, je monte, je ferme la portière: ça y est, je suis de retour dans ma bulle...

C'était quand même une bonne journée.

mardi, janvier 30 2018

Le retour du skieur

Dimanche 14 janvier 2018 - Après au moins 5 ans d'inactivité de ce côté-là - 5 ans ou peut être même plus ? je ne sais plus exactement... - j'ai décidé de me remettre au ski alpin ! Ces derniers mois, j'ai mis le paquet pour m'entraîner: sortie pédestre au moins une fois par semaine, en montagne si possible, footing, natation, je ne me suis pas laissé aller ! Ce premier dimanche, j'étais fermement décidé à monter quel que soit le temps, et par chance, j'avais trouvé des gens pour m'accompagner: je n'ai jamais détesté partir tout seul au ski, mais pour ma première sortie depuis longtemps, je sentais qu'il valait mieux être accompagné. Dont acte.
La montagne est couverte, on ne la voit pas bien derrière sa barrière de brouillard.
Nous montons et après avoir dépassé La Mouline, très vite nous rencontrons la neige sur la route, or J'espère bien ne pas avoir à mettre les chaînes, d'abord parce qu'avec un temps pareil, ce n'est pas spécialement agréable, et ensuite, parce que la dernière fois que je les ai mises...et ben je ne me rappelle pas quand c'était, tellement c'est loin: j'ai toujours essayé d'éviter de mettre ces fichues chaînes. Le problème est surtout que je les ai mises tellement souvent que je ne me souviens pas non plus comment on les met ! Je me rappelle maintenant qu'hier, je m'étais dit qu'il faudrait que je m'exerce à les mettre, dans mon garage et je ne l'ai pas fait. Je m'étais dit aussi qu'il fallait que je nettoie un peu mes skis dont les carres ont quelque peu rouillé depuis le temps et je ne l'ai pas fait non plus. Pfff ! Je deviens négligent et flemmard.
Sur la route, quand ça commence à patiner un peu, je n'insiste pas: j'ai un peu perdu l'habitude de conduire sur la neige, et je n'ai pas envie de risquer quoi que ce soit. Bon bien sûr, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, les chaînes, ça ne protège pas de tout: comme disait mon moniteur d'auto-école, il faut conduire comme si on avait un œuf dans chaque main et un sous chaque pied; les chaînes, ça évite juste de patiner un peu trop.
Je me gare, on sort, le copain se met d'un côté et moi de l'autre et nous bataillons pendant un bon moment: saloperies de *§#!! En plus, ça pèle, on a les doigts gourds, la neige mouille, ça glisse...Enfin, après environ vingt minutes de jurons divers, on y est arrivé, ouf !
Et c'est reparti ! Pépère. Je rehausse mon siège et redresse le dossier: ce n'est pas que je sois crispé, mais bon, pas complètement détendu tout de même. Ça roule bien, et je me laisse aller à regarder un peu le paysage: au vu de toute cette neige dont les cristaux brillent par moment, de ces arbres aux branches alourdies de masses cotonneuses, de ces rochers avec leurs chapeaux blancs, des tas de ressentis me reviennent du temps d'avant...Mais comment ai-je pu me passer de cela pendant toutes ces années ?!! J'aime ces paysages immaculés, ces reliefs adoucis par la couche neigeuse, j'adore ce froid vif, et ce silence étouffé: c'est toute une ambiance que je retrouve !
Nous arrivons enfin à la station, il neige. Je me gare facilement: vu le temps très couvert, il n'y a pas foule. Nous nous équipons... J'ai un mal fou à rentrer dans mes chaussures ! Je suis un peu anxieux, car la semelle extérieure de l'une d'elle a perdu une petite talonnette, qui s'est désagrégée et je l'ai reconstituée au pistolet à colle chaude après y avoir enfoncé deux vis. Est-ce que ça va tenir ? Nous montons. Je suis un peu perdu: il y a tellement longtemps que je ne suis pas venu dans cette station (9 ans ?) que je ne reconnais pas tellement l'endroit. Il est vrai que ça a un peu changé: plein d'escaliers et de portes coulissantes pas du tout pratiques à ouvrir: encore un architecte qui s'est torturé le cerveau pour trouver un truc original, sans penser aux utilisateurs, qui, avec de grosses chaussures, ont des difficultés à marcher et donc à descendre ou monter les escaliers, et qui, encombrés par leur skis, ont beaucoup de mal à ouvrir les portes coulissantes qui sont très dures à coulisser ! Le monde ne s'améliore décidément pas. Passons.
Quasiment pas de queue pour prendre les forfaits: nickel ! Ça aussi, ça a changé: j'en était resté à la carte accrochée à un élastique qu'on devait passer dans une fente, or maintenant plus besoin de la sortir, car c'est un truc du style électro-magnétique: on la laisse dans la poche gauche et ça ouvre tout, ça c'est pas mal comme innovation, sans compter qu'on peut recharger la carte sur internet avant de partir pour éviter la queue, voire même avoir une carte qui se débite toute seule quand on passe à une remontée. J'opte pour cette dernière, comme ça en plus, ça va me motiver à l'utiliser, pour rentabiliser, si besoin est: je me méfie de moi et je me sers de tous les types de motivation possibles pour tenir mon cap.
Nous chaussons nos skis et nous démarrons, enfin ! Nous prenons le télésiège. Mes amis ont des casques, Moi pas: moi qui ai toujours trop chaud, je ne me vois pas avec ce machin sur la tronche, Pourtant j'aurais quelques raisons d'en mettre: il y a bien 25 ans de ça, je me suis ouvert la tête après un vol plané, qui finit contre un piquet: 4 points de suture ! Je pense être moins casse-cou aujourd'hui...Il fait froid, mais sans plus, je trouve. Bien sûr, mes amis sont frigorifiés alors qu'ils ont 3 ou 4 couches de pulls sous l'anorak alors que je n'ai dessous, pour ma part, qu'un t-shirt à manches longues. Je sais: je suis space, on me l'a déjà dit.
J'ai hâte de voir ce que ça va donner sur la piste. Nous nous élançons...ça ne glisse pas trop pour moi, et les premiers virages sont difficiles. Purée, j'ai perdu tant que cela ?!! De plus je commence déjà à avoir mal sous un pied, comme la dernière fois: à cause de mes pieds un peu plats, m'a-t-on dit un jour.
Nous reprenons un autre télésiège pour aller sur des pistes plus intéressantes. Puis nous prenons une piste de liaison pas très pentue et ça ne glisse vraiment pas terrible pour moi: les copains sont loin devant ! J'appuie sur les bâtons, je fais le pas de patineur, bref, j'arrive à l'autre télésiège en nage ! Ouf !
Une fois sur le télésiège, je ferme les écoutilles: je ne veux pas laisser ma chaleur se disperser: c'est un coup à choper la crève. je mets quand même le bonnet et le capuchon par dessus. J'ai acheté cet anorak il y a 25 ans, en y mettant le prix: J'avais les moyens à l'époque. J'en suis bien content, car je peux braver tous les temps, avec. Il y a même une jupette amovible à la taille, qui permet de skier, voire tomber, en poudreuse, tout en restant étanche !
Un petit vent s'est levé et la neige nous fouette le visage. Je n'ai jamais détesté cette sensation, même si elle n'est pas super agréable: je dois être un peu maso, quelque part, mais bon, ça me donne l'impression d'être vivant. Le seul ennui, est que je n'ai pas retrouvé mon masque de ski, et je n'ai donc que mes lunettes de soleil à ma vue, polarisantes, à renforcement de contraste, mais avec les flocons, la buée et tout le toutim, je deviens très vite quasi aveugle. Heureusement que j'ai une longue carrière de skieur de brouillard derrière moi: adolescent, j'avais lu un bouquin sur un champion de ski dont l'entraîneur l'emmenait sur les pistes dans le brouillard afin de lui apprendre à sentir le relief avec les jambes, ça m'avait marqué et je n'avais eu de cesse de m'entrainer à cela: un léger fléchissement en poussant les tibias sur les languettes des chaussures, pour parer à toute éventualité et les jambes, jouant leur rôle d'amortisseurs naturels, encaissent facilement tous les reliefs.

Tout en haut, c'est carrément le blizzard. Comme disait feu mon père, parlant d'une rando dans le jura: "on n'y voyait plus rien, c'était pas beau à voir !" Mais, il y a de la poudreuse ! mmmh ! Ma neige de prédilection ! Je m'élance...premier virage, et j'ai l'impression d'avoir raclé un mur, tellement ça m'a donné un coup de frein ! Deuxième...pareil ! Et en plus je dois faire d'énormes efforts pour tourner. Je m'arrête, tâte la neige du bout des skis...mais pourtant c'est bien de la belle et bonne poudreuse et sur une bonne base ? Qu'est-ce qui se passe ? Je continue. J'ai les cuisses qui commencent à me faire très mal, à la limite de la crampe. Il poind en moi l'idée que ça y est, je suis trop vieux pour ce genre de connerie: ceci sera mon dernier jour de ski, je ne tiens plus la distance.
Nous nous engageons dans une longue traversée pour rejoindre la station, car il est midi passé et nous avons faim. J'y vois vraiment que dalle ! A un moment, si: je vois un piquet et je m'imagine, Dieu sait pourquoi, que la piste oblique à droite, je m'y engage donc... ouuuupss ! je sens une forte rupture de pente, mes jambes se détendent, je me réceptionne en souplesse, mais j'ai perdu le sens de l'orientation, si bien que je me sens remonter...et ce qui devait arriver arrive: je m'arrête, puis redescend légèrement en marche arrière, et la neige fraîche abondante me freinant, je me retrouve assis dans une baignoire de poudreuse. Je réalise alors que j'ai fait une magnifique sortie de piste et que je suis à présent deux mètres plus bas, dans une pente ! Gros boulot pour me remettre debout: d'instinct, je fais ce qu'on m'a appris il y a bien longtemps: j'enlève mes bâtons, puis , les posant horizontalement sur la neige, je m'en sers comme point d'appui, pour m'aider à me relever. Je ne sais pas au juste comment je fais, mais j'y arrive. Rien que ça m'a épuisé ! J'arrive à faire une conversion, pour me retourner, et je commence alors une longue remontée en biais, épuisante: le problème de la poudreuse, c'est que dans une pente, quand vous prenez appui dessus, tout descend ! On fait donc du surplace tant que la neige n'est pas un peu tassée, et à chaque fois, il faut sortir les skis de sous la neige où ils se sont enfoncés. Vingt minutes pour avancer de 5 mètres !!! J'aurais bien mérité mon casse-croûte ! Enfin je retrouve la piste. Le temps c'est un peu arrangé et je peux voir que j'ai eu du bol: un peu plus loin il y avait un peu plus de pente encore, avec des rochers...gulp !
Nous retrouvons la station: je suis claqué ! J'enlève mes skis, et je tape des pieds pour enlever la neige. C'est à ce moment que je remarque sur le carrelage des bouts de matière plastique rouges et noirs. Étrange. Pris d'un doute je regarde mes godasses de ski: oups ! le talon de l'une d'elle a littéralement éclaté ! Elle est foutue ! Nous allons à la salle hors sac, et j'en profite pour examiner mes skis: de la glace s'est collée sous la semelle et tout le long des carres. Nom de nom, je comprends tout ! Voilà pourquoi je n'avançais pas et que ça me freinait dans les virages ! Mon moral remonte d'un seul coup: ça ne venait pas de moi ! En mâchant ma salade de pâtes, je fais des plans: après manger, je vais aller louer des chaussures, puisque les miennes sont flinguées, et puis je vais louer aussi des skis pendant qu'ils me révisent les miens: dérouillage des carres, ponçage de la semelle et fartage, ça devrait changer beaucoup de choses...j'espère !

Après manger, je vais donc chez un loueur. Pour les chaussures, il me demande si je suis bon skieur. Je lui réponds que oui, mais que je ne fais pas de compétition et que par conséquent, je ne veux pas des carcans rigides ! Pour les skis, je m'en fiche, sachant bien que ce n'est pas le ski qui fait le skieur, mais pour les chaussures, j'aime bien avoir une certaine souplesse et de la marge pour pouvoir plier les genoux. Je ne serre jamais mes chaussures à fond...du moins pas en début de journée: ça c'était bon à l'époque où je faisais de la compétition, et encore, dès que j'avais fini, je desserrais tout ! Les chaussures qu'il me propose sont incroyablement confortables ! Une idée s'insinue en moi: et si mon mal aux pieds précédent venait de ce que mes anciennes chaussures s'étaient déformées avec le temps ? Il y a de fortes chances que ce soit le cas. Finalement, cet incident m'aura été tout à fait bénéfique.
Nous repartons. Ça me fait bizarre ces skis courts (il n'avait pas plus long que 1m70 alors que les miens font 2m10) et ces spatules larges, mais ça a l'air de bien glisser. Quand nous arrivons en haut, et que nous démarrons, je revis: je tourne avec une facilité que je croyais ne jamais retrouver et ça glisse si bien que mes amis sont à présent derrière moi. Je profite d'un coin de neige fraîche pour tester: waouh ! Je retrouve cette sensation d'aller tout droit tandis que mes skis se balancent de droite à gauche: la godille en poudreuse ! Le rêve ! Seule chose: quand je reviens sur la piste et que je me tape un schuss, ces skis ce sont pas stables, ils flottent un peu. La longueur trop faible, sans doute. Toujours est-il que maintenant, je profite pleinement de la journée: le mal aux cuisses s'estompe, même s'il en reste un petit quelque chose: je ne suis plus obligé de forcer comme ce matin. Voilà qui m'ouvre de bonnes perspectives: pas si foutu le bonhomme ! Là je suis plus détendu, et j'apprécie les descentes. Il me revient même l'envie de donner des conseils à mes amis; que voulez-vous, j'aime transmettre aux gens ce que je sais, or le ski est un domaine que je maîtrise assez bien: dans ma vie de skieur, je ne me suis pas contenté d'apprendre la technique, de la perfectionner et de chercher en plus la beauté du geste, j'ai toujours cherché aussi à comprendre ce que je faisais et pourquoi ça fonctionnait. Ça aide.
Le temps ne s'arrange pas, et nous sommes fatigués, ce qui fait que nous écourtons et décidons de rentrer.
Le retour se fera sans histoire, si ce n'est que lorsque, à plusieurs moments, l'arrière de ma voiture voulut passer devant, j'ai retrouvé de vieux réflexes: léger coup de volant et accélération pour la remettre dans le droit chemin. Et oui, là aussi, ça revient, et je me rassure sur mes capacités actuelles. Je voulais savoir si éventuellement je pouvais repartir tout seul, si je ne trouvais personne avec qui monter: et ben, je peux. Il n'y a que la question entraînement physique que je dois continuer...

Je ne sais pas, par contre, si j'en viendrais à mériter à nouveau ce surnom de skieur fou que les copains m'avait donné autrefois: l'âge nous assagit. ;-)

samedi, septembre 30 2017

Le trône du Roi

Ce matin, le temps est maussade. La montagne se découpe durement sur un ciel blanc lavasse. Bien que quelques traînées bleues parsèment l’horizon, l’impression qui en ressort est sinistre : la montagne a perdu sa neige en grande partie, ne subsistent plus que quelques plaques blanches ici et là, qui font ressortir la noirceur du roc et le marron foncé de l’herbe rase brûlée par l’hiver. L'air est jaunâtre, une sensation de mal à l'aise se répand: le temps va changer, on sent qu’il se prépare quelque chose.

Sur le chemin du boulot, là, en face de moi, le dôme du Trône du roi se rappelle à moi. Ce petit sommet sans prétention se mérite : il n’a pas épargné ma sueur, en son temps.
Comme par enchantement, mon esprit se transporte tout là-haut, sur cette croupe plutôt inhospitalière : comme si j’y étais, je vois les perles marron des moutons jonchant un sol terreux où l’herbe a du mal à pousser. Ce qui m’a frappé la première fois où j’y suis allé, c’est cette absence d’endroit accueillant où s’asseoir, casser la croûte, voire s’allonger, passer un moment, les yeux dans le ciel, au-dessus du monde. J’imagine le sommet désert, balayé par un vent tiède et humide, annonciateur de mauvais temps.

Je suis là-haut, sans y être, n’est-ce pas étrange ? Me vient alors la réflexion que ce sommet continue d’être, là-haut, isolé et solitaire, contemplant éternellement la plaine, alors même que je n’y suis plus. Combien d’endroits me rappelai-je ainsi, où je suis passé et qui ne changeront jamais alors que moi, si ?

dimanche, septembre 24 2017

La nuit dans les bois

Peut-être suis-je parti un peu tard pour aller me balader dans les bois au dessus de mon village...?
Je suis parti de chez moi vers dix-huit heures quarante cinq, en me disant que j'allais juste faire un petit tour.
Je suis donc descendu d'un bon pas au camp arboré...
Au bas de la côte, un chien m'aboya dessus de derrière un petit muret...deux gamins me lancèrent des coucous de leurs petites voix, depuis une fenêtre, coucous auxquels je répondis en riant.
Plus bas, je ris à nouveau, intérieurement, cette fois en voyant des jeunes jouer aux boules en s'insultant comme dans les films de Pagnol, quoi qu’avec un langage plus...heu, comment dirais-je ? fleuri ! 😉
Arrivé devant petit pont sur le canal, j'ai pris à gauche pour pour passer ledit canal sur la passerelle en face du chemin pavé, et puis, après une brève hésitation, je ne me suis pas engagé dans la montée, au contraire j'ai tourné à gauche: je me disais que j'allais prendre le sentier au bas du château... un fois arrivé là-bas, je me suis rappelé que j'étais en short, et qu'il y avait sûrement plein d'orties sur ce sentier, gulp ! j'ai donc continué sur la route, vers la minoterie.
Arrivé à la nationale, je me suis demandé si je n'allais pas faire demi-tour, et puis ayant activé la géolocalisaton de de mon smartphone, je consultai GoogleMaps, avec une petite idée derrière la tête: ne pourrais-je pas longer un brin la nationale et retrouver une route sur la gauche qui me remonterait vers le chemin des évêques ? Cela a mis du temps à charger, puis le résultat...Bingo ! 😁
A une époque pas si lointaine, en montagne, c'est ainsi que je me retrouvais, parfois, à faire deux sommets au lieu de l'unique prévu au départ: et si j'allais plus loin ? ah et tiens, et si je passais par là ? C'était quand je partais seul, chose que j'aimais assez et si je laissais toujours une indication sur mon itinéraire dans ma voiture au cas où, en changer n'était, certes, pas très prudent... Mais revenons à nos moutons 😉 Après une petite côte montée au pas de charge (ah ! ça fait du bien de transpirer un peu !) je me retrouvai dans l'obscurité du sous-bois.
sous bois la nuit Je m'arrêtai pour prendre cette photo, puis j'écoutai la forêt: c'est fou les mille petits bruits qu'il peut y avoir, à cette heure-là ! Et donc je me disais que si j'entendais les grouink, grouink de sanglier, j'avais intérêt à trouver un arbre accessible pour y grimper: j'ai rigolé tout seul en m'imaginant perché et appelant un copain chasseur pour lui demander s'il pouvait venir me chercher et surtout sans oublier son fusil ! Ma réputation aurait été faite !
Mais non: à part quelques grillons, bruits de chutes de glands et de piétinements, pas de grouink ! Ouf !
Je repris ma marche dans la semi obscurité, et me revinrent en mémoire les recommandations commando: dans l'obscurité, pour y voir, ne jamais fixer longtemps un point, au contraire: ne jamais cesser de faire bouger son regard.

J'ai quelques souvenirs de mes super grandes études (appelez moi "maître" 😉 )qui peuvent vous expliquer pourquoi: la partie centrale de la rétine contient une très forte densité de cellules visuelles spécialisées dans les couleurs, tandis que la périphérie ne contient que des cellules sensibles aux différences de luminance: noir-blanc, jour-nuit; par conséquent, de nuit où il n'y a plus de couleurs, les cellules différenciant celles-ci sont aveugles en quelque sorte (essayez: vous verrez que la nuit, on "voit" comme un trou noir, en face de soi), donc il faut faire en sorte que les cellules de la vision périphérique prennent le relais, et c'est ce que l'on fait en bougeant son regard sans cesse.
Mais refermons cette parenthèse technique.

Continuant à marcher d'un bon pas, je sortis du bois: la lune m'attendait en léger croissant, dans le ciel pâlissant (poil aux dents).

J'arrivais alors aux premières maisons où l'éclairage urbain s'était allumé, maisons aux volets déjà clos: à croire que les gens ont peur de la nuit ?

Enfin, j'arrivai au pont du Vert, et en entendant le bruit de la rivière qui coulait doucement, j'eus soudain une impression d'éternité: à cette heure, les gens s'enferment chez eux et oublient l'extérieur, mais la rivière, elle, continue de couler, inexorablement. Éternité, sérénité: voilà ce que je ressentais, accoudé à la rambarde. Ayant senti une piqûre sur la cuisse, je repris ma route...je repassai devant le gardien canin qui aboya de nouveau, la fenêtre aux enfants étaient maintenant fermée, une odeur de soupe flottait dans l'air. Enfin, j'arrivai chez moi: mon chat m'attendait devant la porte, et miaula d'impatience pendant que je cherchais ma clef.
Tu as faim, ma Mimi ? Moi je vais attendre encore un peu...

vendredi, mars 31 2017

La rue Pémartin

C'est une ruelle étroite aux murs griffés, on le devine, par des véhicules trop larges ou maladroits. Il est vrai qu’on ne s'y engage pas en voiture, sans un sourcil levé, ni un œil attentif: ça passe ? Ça ne passe pas ? Ça passe…Ouf, c’est passé !
A pied, l'impression n'est pas la même: en plein cœur de la ville, c’est comme un autre monde que l’on découvre !
Déjà, sous le petit panneau métallique bleu marine, indiquant, en lettres blanches, le nom de la rue, on a laissé apparaître une pierre d’angle, avec l’ancien nom gravé: rue Bouchon. Je me demande un instant pourquoi ce changement de nom, puis, poursuivant mon chemin, je découvre des trottoirs aux pavés de pierre grise, polis par le temps et disjoints, qui sont si étroits qu'on se demande pourquoi quelqu'un s'est donné la peine de les faire, puisque un piéton, même mince, n'y tient pas !
Soudain, ce qui me frappe, ici, c'est le calme: une sensation de temps arrêté, d’endroit isolé du monde...J’ai déjà ressenti cela en d’autres lieux: vieux villages, châteaux en ruine, chapelles romanes, les souvenirs se pressent, je me laisse emporter...
Trêve ! Je reviens dans la rue.
A droite, une grille en fer forgé, agrémentée de canisses de couleur rouille, laisse deviner une petite cour, au sol de gravier. Une table, quelques chaises: il doit faire bon, là, l’été, à siroter un thé glacé ou à lire un bon bouquin, protégé par l'ombre des murs.
De l’autre côté, je me retrouve en face du mur jaune grès d’une maison à deux étages, où il faut se pencher en arrière pour distinguer le toit, vu le peu de recul dont on dispose. Ce mur est percé de quelques lucarnes aux vitres poussiéreuses, protégées par des grilles rouillées, et d'une fenêtre récente où, l’autre jour, un petit enfant m’a fait coucou à travers la vitre avec un grand sourire. La rue s'élargit ensuite à droite sur un minuscule parking bordé d’une petite pelouse surplombant le gave. En face, sur la colline, on distingue le clocher de Sainte Croix: vieilles pierres chargées d'histoire, dont je parlerais peut-être un jour.
Poussant plus loin dans la rue, je dépasse une haie de lauriers aux feuilles vernissées vert sombre , puis je longe, à droite, un petit mur de galets de l'autre côté duquel émerge une végétation qu’on devine sauvage, et à gauche, une haute muraille dont le revêtement en crépi gris, éclaté par endroit, révèle quelques trous secrets entre les pierres disjointes; de loin en loin de petites fougères ont poussé dans les fissures, apportant quelques touches de couleur, de même que le haut des ramures d’un vieil arbre dépassant du faîte. La muraille se termine par un large et haut portail de bois, encadré de pierres de taille, portail dont la peinture fanée bleu pâle, s'écaille par endroits, laissant voir un bois grisé. De l'herbe pousse entre les pavés au sol: on devine que cette entrée ne sert pas souvent, malgré un panneau « interdiction de stationner, sortie de voitures » flambant neuf.
Au-delà, c'est fini, le charme est rompu, les façades sont modernes, régulières et entretenues. Il est temps de rebrousser chemin et retrouver, un bref instant, ce passage si reposant, avant de replonger dans la vie.