Peut-être suis-je parti un peu tard pour aller me balader dans les bois au dessus de mon village...?
Je suis parti de chez moi vers dix-huit heures quarante cinq, en me disant que j'allais juste faire un petit tour.
Je suis donc descendu d'un bon pas au camp arboré...
Au bas de la côte, un chien m'aboya dessus de derrière un petit muret...deux gamins me lancèrent des coucous de leurs petites voix, depuis une fenêtre, coucous auxquels je répondis en riant.
Plus bas, je ris à nouveau, intérieurement, cette fois en voyant des jeunes jouer aux boules en s'insultant comme dans les films de Pagnol, quoi qu’avec un langage plus...heu, comment dirais-je ? fleuri ! 😉
Arrivé devant petit pont sur le canal, j'ai pris à gauche pour pour passer ledit canal sur la passerelle en face du chemin pavé, et puis, après une brève hésitation, je ne me suis pas engagé dans la montée, au contraire j'ai tourné à gauche: je me disais que j'allais prendre le sentier au bas du château... un fois arrivé là-bas, je me suis rappelé que j'étais en short, et qu'il y avait sûrement plein d'orties sur ce sentier, gulp ! j'ai donc continué sur la route, vers la minoterie.
Arrivé à la nationale, je me suis demandé si je n'allais pas faire demi-tour, et puis ayant activé la géolocalisaton de de mon smartphone, je consultai GoogleMaps, avec une petite idée derrière la tête: ne pourrais-je pas longer un brin la nationale et retrouver une route sur la gauche qui me remonterait vers le chemin des évêques ? Cela a mis du temps à charger, puis le résultat...Bingo ! 😁
A une époque pas si lointaine, en montagne, c'est ainsi que je me retrouvais, parfois, à faire deux sommets au lieu de l'unique prévu au départ: et si j'allais plus loin ? ah et tiens, et si je passais par là ? C'était quand je partais seul, chose que j'aimais assez et si je laissais toujours une indication sur mon itinéraire dans ma voiture au cas où, en changer n'était, certes, pas très prudent... Mais revenons à nos moutons 😉 Après une petite côte montée au pas de charge (ah ! ça fait du bien de transpirer un peu !) je me retrouvai dans l'obscurité du sous-bois.
sous bois la nuit Je m'arrêtai pour prendre cette photo, puis j'écoutai la forêt: c'est fou les mille petits bruits qu'il peut y avoir, à cette heure-là ! Et donc je me disais que si j'entendais les grouink, grouink de sanglier, j'avais intérêt à trouver un arbre accessible pour y grimper: j'ai rigolé tout seul en m'imaginant perché et appelant un copain chasseur pour lui demander s'il pouvait venir me chercher et surtout sans oublier son fusil ! Ma réputation aurait été faite !
Mais non: à part quelques grillons, bruits de chutes de glands et de piétinements, pas de grouink ! Ouf !
Je repris ma marche dans la semi obscurité, et me revinrent en mémoire les recommandations commando: dans l'obscurité, pour y voir, ne jamais fixer longtemps un point, au contraire: ne jamais cesser de faire bouger son regard.

J'ai quelques souvenirs de mes super grandes études (appelez moi "maître" 😉 )qui peuvent vous expliquer pourquoi: la partie centrale de la rétine contient une très forte densité de cellules visuelles spécialisées dans les couleurs, tandis que la périphérie ne contient que des cellules sensibles aux différences de luminance: noir-blanc, jour-nuit; par conséquent, de nuit où il n'y a plus de couleurs, les cellules différenciant celles-ci sont aveugles en quelque sorte (essayez: vous verrez que la nuit, on "voit" comme un trou noir, en face de soi), donc il faut faire en sorte que les cellules de la vision périphérique prennent le relais, et c'est ce que l'on fait en bougeant son regard sans cesse.
Mais refermons cette parenthèse technique.

Continuant à marcher d'un bon pas, je sortis du bois: la lune m'attendait en léger croissant, dans le ciel pâlissant (poil aux dents).

J'arrivais alors aux premières maisons où l'éclairage urbain s'était allumé, maisons aux volets déjà clos: à croire que les gens ont peur de la nuit ?

Enfin, j'arrivai au pont du Vert, et en entendant le bruit de la rivière qui coulait doucement, j'eus soudain une impression d'éternité: à cette heure, les gens s'enferment chez eux et oublient l'extérieur, mais la rivière, elle, continue de couler, inexorablement. Éternité, sérénité: voilà ce que je ressentais, accoudé à la rambarde. Ayant senti une piqûre sur la cuisse, je repris ma route...je repassai devant le gardien canin qui aboya de nouveau, la fenêtre aux enfants étaient maintenant fermée, une odeur de soupe flottait dans l'air. Enfin, j'arrivai chez moi: mon chat m'attendait devant la porte, et miaula d'impatience pendant que je cherchais ma clef.
Tu as faim, ma Mimi ? Moi je vais attendre encore un peu...