On rencontre quelqu'un à un certain moment de sa vie où l'on n'attend que cela, sans trop vraiment le savoir: bien souvent on se dit que ça nous est tombé dessus. Nous dirons que, justement, c'est bien tombé: l'expression prend tout son sens.
Alors, même si ce n'est pas parfait, même si au fond de soi on doute, on ne se pose pas (trop) de questions.
On s'apprécie, du moins en surface, on vit, on s'apporte de petites choses l'un à l'autre, on partage de bons moments, c'est toujours ça de pris !
Puis on commence à partager un peu plus de quotidien, un peu plus de routine, cette fameuse routine qu'est la vie de tous les jours...
Passées les premières années, la relation peut s'ancrer plus profondément...ou pas: les choses se sont tassées, on se connait mieux, on commence à réellement découvrir l'autre, non plus tel qu'on croyait le connaître, ou plutôt tel qu'on voulait le voir, et de petits travers qui paraissaient au départ sans importance, commencent à en prendre...les doutes du départ ressortent.
On se croit grugé, trompé, mais en fait, soit on avait refusé de les voir au départ, soit on les avait vus, mais on s'était dit que ça passerait...et on s'aperçoit que, malheureusement, ça commence à ne plus passer...
Alors on essaie d'en parler, car malgré tout on ressent toujours de l'affection, on espère changer l'autre, pour essayer de l'amener, non pas à la perfection, car on sait bien que ce n'est pas possible, mais à quelque chose qui s'approche de ce qui nous plairait.
Bref, on commence à n'être amoureux non plus de la personne elle-même, mais de ce que nous voudrions qu'elle soit...
Vient le temps des concessions...pour certaines c'est ok, mais pour d'autres, ça ne passe pas: on se rend compte qu'on ne peut changer les gens..surtout quand ils n'en ont pas envie...et d'ailleurs est-il souhaitable qu'ils ne soient plus tout à fait eux-mêmes ? C'est source d'un équilibre instable. La relation prend du plomb dans l'aile...
Plus le temps passe, et pire cela devient: on supporte de moins en moins les travers de l'autre.
On se dit alors raisonnablement que mieux vaut rester sur de bons souvenirs, et arrêter avant de se faire du mal et en avoir plus de mauvais. Parce qu'il y a aussi cela: à quelqu'un qui a su se montrer souvent prévenant, affectueux, attendrissant, qu'on a eu envie de protéger, de rendre heureux, pas question de lui faire du mal ou alors le moins possible !
Alors quand on réalise qu'on va commencer à s'en faire l'un l'autre, du mal, mieux vaut briser là: on aura mal un bon coup, mais ce sera pire, si on attend dix ans de plus ! Et puis parfois on se rappelle qu'on a déjà vécu ce genre de situation, qu'on y a cru pendant très longtemps, trop longtemps, et que ça s'est finalement très très mal passé...
Alors, oui: on y a cru, on s'est trompé, mais ça a tout de même été un bon passage de la vie, pas de regrets, à la rigueur quelques remords qui passeront avec le temps...
Maintenant, continuons nos vies, il y a aura d'autres moments ailleurs, seul ou accompagné, n'en doutons pas...la vie continue...