Entre midi et 2 je suis allé au monastère du Carmel pour mon boulot, et comme à chaque fois, ça m'a fait un bien fou, ce calme, ce silence, cette sérénité qui se dégage...le protocole est toujours le même: je sonne et m'annonce à l'interphone, le signal de la porte sonne m'indiquant que je peux entrer. Je pousse la lourde porte cloutée, qui grince, et je me retrouve dans un couloir sombre et glacial avec un pavement de pierres brutes noircies par le temps. J'attends quelques minutes dans un silence absolu...

il me semble soudain que le temps est en suspend...puis une porte s'ouvre, sans que je vois la personne qui la tire. S'offre alors à mon regard un charmant petit cloître avec son jardin tout simple. Tout ici respire la paix.
La mère supérieure me souhaite la bienvenue avec un bon sourire, je la suis sous les arcades du cloître.  Elle agite régulièrement une clochette afin de prévenir ses sœurs:"attention, un étranger est là, restez cachées"; en effet, elles ont fait vœu de solitude, de silence, que sais-je ?
De toutes façons vœu de détachement de la vie "normale". Elles ne rompent ce vœu que par obligation, médicale ou paramédicale. C'est pour cela que je puis entrer. Nous arrivons à la cellule de la sœur en question. Elle est âgée: plus de 85 ans et elle ne les fait pas. La cellule est dans un dénuement complet: 1 lit, 1 table, 1 chaise, 1 petite armoire. Il y fait plus chaud que dans les couloirs glacials (ou glaciaux ?   ) c'est déjà ça. Là, problème: il faut que je puisse regarder derrière les oreilles. Oui je sais, c'est très indiscret mais nécessaire (je vous dis pas ce que j'y trouve parfois, et chez des gens qu'on croirait pas ).
Boudiou, c'est que c'est très compliqué la coiffe d'une carmélite ! Je n'en reviens pas ! Elle me dit d'ailleurs: "les jeunes femmes modernes sont moins compliquées que cela"...quelques voiles et épingles plus tard, je fais ce que j'ai à faire...à dire vrai je n'ai rien pour chauffer, que le frottement de mes doigts, et je prie intérieurement pour que ça casse pas quand je plie.
Ouf Dieu m'a entendu ! normal en ces lieux, me direz-vous ?

Je repars non sans que la sœur m'offre un petit paquet soigneusement emballé de papier marron. Je me sens rougir: mais non fallait pas...mais si...bon, merci. Je soupçonne que ce sont des chocolats...ah le péché de gourmandise !
Je repars avec la mère supérieure le long des couloirs et escaliers. Elle m'apprend à ma demande que le bâtiment date de 1600 mais que les carmélites ne sont là que depuis 1830. J'ai dû déjà le demander, mais j'oublie...

La soeur m'ouvre la porte, et me dit au revoir en souriant, je passe le couloir glacé, la lourde porte que je referme soigneusement ainsi qu'il est indiqué, et je suis dehors...Autre monde...je regagne ensuite mes pénates le cœur léger...

Allez, je me penche sur ce que je vais faire pour mes vitrines de Noël, et puis je vais faire un peu de ménage...

Ah au fait: le paquet, c'était bien des chocolats !