Les chocolats du Carmel
Par Dom le jeudi, novembre 17 2016, 11:02 - Souvenirs - Lien permanent
Entre midi et 2 je suis allé au monastère du Carmel pour mon boulot, et comme à chaque fois, ça m'a fait un bien fou, ce calme, ce silence, cette sérénité qui se dégage...le protocole est toujours le même: je sonne et m'annonce à l'interphone, le signal de la porte sonne m'indiquant que je peux entrer. Je pousse la lourde porte cloutée, qui grince, et je me retrouve dans un couloir sombre et glacial avec un pavement de pierres brutes noircies par le temps. J'attends quelques minutes dans un silence absolu...
il me semble soudain que le temps est
en suspend...puis une porte s'ouvre, sans que je vois la personne qui la
tire. S'offre alors à mon regard un charmant petit cloître avec son
jardin tout simple. Tout ici respire la paix.
La mère supérieure me souhaite la
bienvenue avec un bon sourire, je la suis sous les arcades du cloître.
Elle agite régulièrement une clochette afin de prévenir ses
sœurs:"attention, un étranger est là, restez cachées"; en effet, elles
ont fait vœu de solitude, de silence, que sais-je ?
De toutes façons vœu
de détachement de la vie "normale". Elles ne rompent ce vœu que par
obligation, médicale ou paramédicale. C'est pour cela que je puis
entrer. Nous arrivons à la cellule de la sœur en question. Elle est
âgée: plus de 85 ans et elle ne les fait pas. La cellule est dans un
dénuement complet: 1 lit, 1 table, 1 chaise, 1 petite armoire. Il y fait
plus chaud que dans les couloirs glacials (ou glaciaux ?
) c'est déjà ça. Là, problème: il faut que je puisse regarder derrière
les oreilles. Oui je sais, c'est très indiscret mais nécessaire (je vous
dis pas ce que j'y trouve parfois, et chez des gens qu'on croirait pas ).
Boudiou,
c'est que c'est très compliqué la coiffe d'une carmélite ! Je n'en
reviens pas ! Elle me dit d'ailleurs: "les jeunes femmes modernes sont moins
compliquées que cela"...quelques voiles et épingles plus tard, je fais
ce que j'ai à faire...à dire vrai je n'ai rien pour chauffer, que le
frottement de mes doigts, et je prie intérieurement pour que ça casse
pas quand je plie.
Ouf Dieu m'a entendu ! normal en ces lieux, me
direz-vous ?
Je repars non sans que la sœur m'offre un petit paquet
soigneusement emballé de papier marron. Je me sens rougir: mais non
fallait pas...mais si...bon, merci. Je soupçonne que ce sont des
chocolats...ah le péché de gourmandise !
Je repars avec la mère
supérieure le long des couloirs et escaliers. Elle m'apprend à ma
demande que le bâtiment date de 1600 mais que les carmélites ne sont là
que depuis 1830. J'ai dû déjà le demander, mais j'oublie...
La soeur
m'ouvre la porte, et me dit au revoir en souriant, je passe le couloir
glacé, la lourde porte que je referme soigneusement ainsi qu'il est
indiqué, et je suis dehors...Autre monde...je regagne ensuite mes pénates le cœur
léger...
Allez, je me penche sur ce que je vais faire pour mes vitrines de Noël, et puis je vais faire un peu de ménage...
Ah au fait: le paquet, c'était bien des chocolats !