Il y a des jours avec et des jours sans... Aujourd'hui était un jour sans.

Ça fait 3 semaines que j'ai arrêté de bosser et rendu les clés du local de ma boutique.

J'ai dit à tout le monde ou presque que j'avais l'âge de la retraite, mais il me reste encore trois ans et c'est contraint et forcé que j'ai arrêté : ma boîte capotait faute de clients, et quand on commence à perdre de l'argent au lieu d'en gagner, la sagesse commande d'arrêter avant d'être au bord du gouffre. C'est ce que j'ai fait. La décision fut difficile à prendre, et j'aurais même dû la prendre avant, mais je me suis battu et j'ai espéré jusqu'au bout: j'ai un naturel plutôt optimiste...mais réaliste quand même, heureusement.

Depuis juin dernier, date à laquelle j'ai officiellement lancé la procédure d'arrêt de ma boite, mon stress n'a cessé d'augmenter, jusqu'à devenir vraiment intense. Heureusement que je peux aller nager, marcher et chanter pour me défouler. La plupart des gens ne s'en sont pas aperçus parce que je n'aime montrer mes problèmes: tout est intérieur chez moi, seule ma famille savait et ils m'ont soutenu... ils continuent, d'ailleurs, heureusement pour moi, car mon stress et mes angoisses ne se sont pas arrêtées au 31 décembre.

Pour le reste, je me trouve finalement très bien et apprécie cette liberté nouvelle : plus de contraintes d'horaires, je peux aller me balader s'il fait beau, je peux me coucher tard et récupérer le lendemain, je peux faire des courses ou prendre des rendez-vous n'importe quand: je suis libre de mon emploi du temps !

Je réalise qu'en 30 ans où j'ai été mon patron, je n'ai pris au total qu'environ 45 semaines de congé, soit une semaine et demi par an, et c'était toujours pour partir ailleurs; je n'ai donc jamais vécu une vie "normale" en vacances, si vous voyez ce que je veux dire ? L'heure n'est pas aux regrets: ça ne sert à rien les regrets, si ce n'est à se faire du mal, et je n'en ai pas envie. Donc j'apprécie, en ce moment et je ne pense pas à retravailler pour l'instant : je n'ai pas de complémentaire, pas d'assurance chômage, mais je me les suis faites moi-même pendant toutes ces années, et je peux donc voir venir pendant un temps. Même si je dois faire attention, je n'ai pas vraiment d'inquiétude à ce sujet...Pas encore du moins.

Mais tout n'est pas encore fini pour ma boite: il reste encore des verif et de la compta à faire, plus quelques tracasseries "administratives" qui me font parfois me demander si j'ai fait tout ce qu'il faut et comme il faut... C'est tout cela qui me court quelque peu le haricot : quand je ne suis pas bien, je stresse, j'angoisse et tout prend des proportions énormes alors que ça ne devrait pas, parce que je sais bien dans le fond que rien n'est insurmontable et qu'il y a toujours des solutions, mais bon, je ne peux parfois m'empecher d'angoisser, c'est plus fort que moi. Après la dépression due au suicide de feu ma femme, je m'étais rendu compte qu'il fallait vraiment que je me surveille tout le temps pour ne pas me laisser aller. C'est encore vrai aujourd'hui : si je baisse la garde le stress me submerge et tout va de mal en pis: la procrastination arrive, avec tout ce que cela comporte comme culpabilité et cercle vicieux, une bonne manière de se détruire. Alors je lutte, mais certains jours, comme aujourd'hui, je plonge...

Aujourd'hui, j'ai beaucoup dormi: la fatigue sans doute, mais aussi, je m'en doute, une certaine fuite des réalités... Et pourtant je sais bien que j'irai bien mieux quand j'aurai fini tout ce que je dois faire...