J'ai vu passer toute une classe d'école primaire sur le trottoir: ils allaient deux par deux gentiment en se tenant la main, on entendait un joyeux brouhaha de voix enfantines.

Les observant, j'en vis qui allaient gravement en se tenant bien droit, sans parler, la tête haute: point méprisants mais plutôt en enfants soucieux de faire bonne impression, d'autres s'agitaient en tous sens, se retournant pour parler au voisin derrière qui lui-même riait aux éclats, d'autres encore chantonnaient en balançant leurs mains....

Que c'est mignon tous ces petits gosses qui ouvrent leurs yeux émerveillés sur tout ce qui les entourent et qui gardent cette joie de vivre, cette spontanéité qui fait si souvent défaut aux grands.

Et là tout soudain, un coup de spleen: il me revient en mémoire un petit garçon de leur âge qui était tout sage et tout mignon à croquer, avec sa petite voix et ses grands yeux innocents...je le revois quand je lui racontais des histoires que j'inventais tous les soirs pour qu'il s'endorme, je le revois s'accrocher à moi quand j'essayais de lui faire apprivoiser sa peur de l'eau, je le revois m'escalader quand il fuyait un vieux bouc dont il croyait qu'il était cannibale, je revois sa nuque et ses petites oreilles quand il venait s'assoir sur mes genoux à la fin du repas, je le revois les yeux brillants, découvrant sa première bicyclette, je nous revois main dans la main sur le chemin de l'école, je le revois m'écoutant lui expliquer ses maths, je le revois tout fier d'avoir descendu sa première piste noire à ski... Que de souvenirs...
Quand je pense au grand chenapan qu'il est devenu, et qui, à présent ne me donne quasiment plus aucune nouvelle, ça me laisse tout chose..

Il parait que, pour l'instant, je ne dois plus penser au passé ? Facile à dire...