Après un mois passé chez ma compagne, je suis de retour dans ma maison, mon chez moi. J'y ai passé une journée seul, qui m'a permis de retrouver un peu mes marques, en faisant un peu d'entretien essentiel:  tondre la pelouse dont l'herbe était devenu haute, et qui faisait penser que le jardin était abandonné, et puis, dans la maison, un ménage succinct afin d'enlever le plus gros de la poussière accumulée depuis un mois.

A peine ai-je eu le temps de faire cela et de passer une soirée tranquille que déjà, mon frère et ma sœur sont venus passer deux jours... c'est que cela faisait un mois que nous ne nous étions pas vus. La maison est devenue aujourd'hui telle que je l'avais souhaité autrefois: un havre de paix, un lieu de villégiature pour la famille, bref ce que j'appelle complaisamment une maison de famille, ce lieu où l'on se retrouve avec plaisir, où l'on se sent bien, en sécurité, détendu, loin des vicissitudes du monde.  Mon frère et ma sœur semblent heureux lorsqu'ils sont là. Des trois, je suis le seul avoir eu au moins un conjoint, et à avoir élevé un gamin, épisode qui fut parfois heureux mais qui a mal fini. Aujourd'hui j'ai une nouvelle compagne, mais j'apprécie quand même de temps en temps, la solitude.

Aujourd'hui je me retrouve seul à nouveau... quoique, seul, je ne sais pas: j'ai entendu divers craquements dans la maison qui pourrait me laisser supposer la présence d'un animal, ou alors est-ce mon oreille qui me joue des tours ? J'ai fermé toutes les portes: si jamais un chat s'est introduit dans la maison - car c'est à cela que je pense: j'ai laissé la porte vers la terrasse et le jardin, ouverte bien longtemps, hier, en fin d'après-midi, et un chat pourrais très bien pu en profiter pour se glisser dans la maison: c'est déjà arrivé.

Hier soir j'ai regardé la télé fort tard et je ne me suis endormi que vers deux heures du matin. J'ai mis mon réveil à dix heures pour être sûr de ne pas me gâcher complètement la matinée, mais voilà que, bien que je me sois réveillée à 9h tout seul comme un grand, il est, à présent, presque onze heures et je suis toujours allongé sur le lit, soit à bouquiner, soit à écrire ceci, ou plutôt à le dicter à mon smartphone. Personne ne m'attend, je suis libre de faire ce que je veux, et le repas de midi déjà prêt: il ne me reste plus qu'à le réchauffer au micro-onde. J'ai retrouvé un vieux roman de montagnes (la tour blanche) qui se passe pendant la dernière guerre et qui est empreint d' une profonde poésie. C'est une atmosphère qui me plaît: cela me rappelle un peu les bouquins de Frison-Roche que j'ai eu tant de plaisir à lire, autrefois et encore aujourd'hui.  

Si je le voulais, aujourd'hui, j'aurais plein de choses à faire:  faire mon ménage, faire la poussière sur toutes les surfaces passer l'aspirateur, la serpillière et tout et tout, remettre un peu d'ordre dans mon jardin, défricher un peu les plates-bandes, retourner la terre du potager, aller faire quelques courses, aller faire fonctionner un peu mes jambes, aussi, mais là, maintenant, dicter mes impressions, vider ma tête trop pleine dans l'écriture, est ce qu'il me plaît. À part un petit problème administratif ( un organisme qui ne me répond pas), je n'ai aucun problème en cours, et ça c'est quand même quelque chose que j'apprécie bien.

Pourtant, je ne peux m'empêcher de me dire que le temps passe, et que j'ai vieilli: le corps ne suit plus tout à fait. En effet il est certains projets que j'avais eu quand j'étais beaucoup plus jeune dont je sais à présent que je ne les réaliserai jamais: des randonnées, beaucoup de randonnées, et du ski...
Le ski c'est encore un autre problème: aux problèmes de jambes et de genoux, se rajoute le fait que la neige s'amoindrit d'année en année, comme peau de chagrin.

Mais bon, pour l'instant, l'important, pour moi, est de ne pas tomber dans les problèmes existentiels, parce que sinon je ne suis pas sorti de l'auberge.

Je traîne, je bricole de ci, de là, sans plan précis, au gré de mes envies et c'est déjà l'heure de manger !  une copine passe devant la maison et nous discutons un moment: ça ne fait jamais de mal, cela.

Frugal repas: je n'ai pas très faim à dire vrai, je l'ai vu que je me suis goinfré de biscuits pour le petit déjeuner, il y a à peine plus d'une heure. Ah et puis j'avais oublié que quelqu'un devait venir vérifier la maison pour les termites, voilà qui contrarie un peu mes plans: je pensais faire maintenant une petite sieste pour être à pied d'oeuvre à 15h, ce qui me laissait le temps de faire quelques courses, puis d'aller faire un petit tour à pied puis un peu de jardinage. Ce n'est pas bien grave: il va juste falloir que je surveille un peu plus l'heure. Ce qui est embêtant, c'est que parfois je passe des heures à aller d'un truc à l'autre, au gré de mes envies, alors que j'ai plus ou moins prévu de faire certaines choses et puis le soir arrive et j'ai l'impression de n'avoir rien fait, or cela, je sais que ce n'est pas bon du tout pour mon moral ! Il va falloir que je recommence à noter ce que je dois faire: une to do list comme disent les anglo-saxons. J'avais commencé avant toutes ces histoires de confinement, et ça ne m'allait pas si mal.

Aussitôt dit aussitôt fait je viens de faire mon planning ! Pourquoi donc, tout de suite, cela va-t-il mieux ?

Mais voilà que le temps se gâte: la personne pour les termites est partie, mais est-ce que je vais avoir le temps de faire la sieste ? je voudrais aussi aller à la déchetterie amener des ronces qui m'encombrent dans ma grange...