Nous partions chaque année avec mes parents, trois semaines en été, faire du camping, sous la tente. Nous attendions cela avec impatience.

Nous arrivions souvent le soir, au camping choisi par mon père. A cet époque, il n'était pas besoin de retenir à l'avance: sauf exception, il y avait toujours des places.
Une fois sur notre emplacement, il fallait tout déballer, malle et carriole. Mon père gérait le montage de la tente et ma mère s'occupait de l'intendance:  elle demandait juste à mon père de monter la table pour le réchaud et, à nous, de sortir les paniers contenant les ustensiles de cuisine et les provisions, ainsi, elle pouvait préparer le repas pendant que nous nous activions.
J'étais le plus jeune, et mon rôle se bornait souvent à gonfler les matelas pneumatiques, puis à faire passer les piquets et sardines.
Mon père commençait par vider bruyamment (sauf s'il était très tard) le sac contenant les tubes métalliques de l'armature et c'était le signal de début du chantier, sous l'oeil interessé des voisins.

Enfin, ça c'était quand il faisait beau: sous la pluie, c'était torché au plus rapide, sans fioritures.
Je me rappelle une fois, nous avons juste eu le temps de tout monter quand il a éclaté un orage terrible. Nous dinions, serrés tous les cinq autour de la table, en veillant à ne pas toucher la toile afin d'éviter les gouttières, lorsque soudain, un véritable ruisseau nous passa sous les pieds ! Aussitôt, mon père et mon frère aîné sortirent avec des pelles, pour vite creuser des rigoles autour de la tente et canaliser l'eau ! 😁

Nous avons ainsi visité plusieurs régions de France et d'Espagne.
Nous revenions rarement au même endroit, ce qui nous a permis de découvrir plusieurs régions de France et d'Espagne. Monuments, sites archéologiques ou tout simplement randos en pleine nature.

Nous rentrions en fin d'après-midi, souvent fourbus, pour prendre une bonne douche, souvent froide, mais chanter nous permettait de l'apprécier au mieux: il y avait dans les douches de véritables concours de bel canto 🤣.

Nous aidions ma mère à l'epluchage des légumes, puis en attendant la cuisson de la soupe, nous jouions au badminton ou au ballon. Le repas se prenait dans des assiettes en plastique sur une table de camping branlante (gare aux mouvements brusques qui envoyaient tout balader !), et de petits tabourets pliants, dont la toile cédait parfois. Ma mère allait alors chercher sa trousse à couture pour réparer.

Après le repas, nous allions à tour de rôle faire la vaisselle sur les éviers prévus pour cela dans les blocs sanitaires. Nous retrouvions alors d'autres enfants qui faisaient comme nous, parfois sous l'oeil complaisant d'un papa qui donnait volontiers la main.

Nous nous couchions tôt, mais avant, nous enfilions un pull, pendant que notre père ouvrait son bouquin sur les étoiles.
Nous tournions alors nos regards vers le ciel infini, et papa nous nommait les constellations.

Enfin, nous retournions au bloc sanitaire avec une lampe électrique pour, entre autre, nous laver les dents.
Le coucher était un peu laborieux: nous avions un tente prévue pour cinq, deux adultes et trois enfants, mais pas plus: c'était déjà serré. Nous, enfants, dormions dans des sacs de couchage sur des matelas pneumatiques, tandis que nos parents étaient sur des lits de camp; un mur de tissu nous séparait d'eux. La tente résonnait de bruits etouffés, faits de chuchotements et de petits rires, puis c'était le silence, et on n'entendait bientôt plus que le bruit des respirations et des grillons...