Ce week-end, j'ai participé à un carnaval bien connu dans la région, non pas en tant que spectateur (ça, j'avais déjà fait) mais en tant que participant, et je ne le regrette franchement pas: quelle rigolade !
J'avais déjà participé à un carnaval à Limoux, mais je ne me rappelle de cette journée lointaine qu'une fontaine autour de laquelle on tournait et où on s'arrêtait à la buvette à chaque tour...pas très glorieux, lol, en plus, je n'y connaissais quasiment personne, sauf que j'étais déguisé en femme et trop bien déguisé sans doute, car je m'étais fait draguer un max ! lol
Cette fois-ci, ce fut tout autre chose...

Depuis ma petite enfance et pendant plus de 40 ans, j'ai habité en ville, où l'on a perdu le sens de tout plein de coutumes...
Il n'y a pas si longtemps, je ne voyais dans ces fêtes bien arrosées que la détestable habitude de se mettre minable pour le plaisir, si plaisir il y avait, et franchement, ça ne m'attirait pas vraiment.
Bien sûr, ne croyez pas: sous mes airs sages, moi aussi, ça m'est arrivé de prendre une bonne bourre avec des copains, allant même une fois, bien qu'étant de nature assez réservée, tant l'alcool désinhibe, jusqu'à faire la démonstration de la danse du singe en rut, debout sur la table, à la fin du repas devant de nombreux convives (non, je ne vous montrerai pas !) J'avais obtenu un franc succès...on m'a dit tout de même que je devais avoir un fond fêtard, quelque part...mais bon, je ne fréquentais pas les bals, ni les fêtes: j'allais en boîte, où d'ailleurs je m'embêtais un peu: je ne savais que boire des verres, me trémousser sur la piste et j'étais, pour inviter à danser, d'une timidité maladive, et pourtant danser n'engage à rien, n'est-ce pas ? Ben moi, tant qu'il fallait raconter des bêtises ou faire le clown, ça allait, mais après c'était le grand vide: des pudeurs incompréhensibles. Ça me revient d'ailleurs de temps en temps, surtout si la personne que je veux inviter me plait. Passons...

Depuis quelques années, j'ai posé mes valises dans un village, où je participe un peu à la vie associative et où les gens sont accueillants au point que, m'étant toujours senti une pièce rapportée partout où je passais, ils sont arrivés, ici, à me faire me sentir à présent comme faisant partie d'eux. Je n'ai donc plus le même point de vue sur les choses.

Hier, j'ai compris que ces fêtes, c'est bien plus que picoler jusqu'à plus soif et même au-delà, ou boire pour simplement se désinhiber: j'ai vu des jeunes, et des moins jeunes, heureux d'être ensemble, heureux de danser, de boire et de rire, j'ai vu des moments d'amitié partagés, des retrouvailles, un réel plaisir d'être ensemble, d'appartenir à un groupe, une gentille défoule, le tout sous l’œil bienveillant et amusé des parents, qui ne sont jamais bien loin, parents qui connaissent la vie: à leur époque, ils en ont fait de belles, eux aussi, et parfois même, ils continuent...ne dites pas non: j'en connais !

Le carnaval, c'est la fin de l'hiver, le retour des beaux jours, et ça se fête dignement, non mais !
J'ai découvert, entre autre, une tradition que je ne connaissais pas, ne m'étant jamais penché sur la question: celle des gars qui ont 20 ans dans l'année, qui s'habillent en combinaison blanche et mènent le carnaval, en faisant les quatre cent coups. Sans doute une réminiscence des conscrits d'autrefois ?

Bref, tout ce petit monde défile, s'arrête aux buvettes, boit un coup, repart, va dans les bars où ça boit et où ça danse, ça rit, ça crie, ça chante, ça saute partout le bras levé, en rythme, c'est très entrainant, et je me suis vu suivre la danse. Mais faut avoir la santé, car ça chauffe, mine de rien ! Allez hop ! une petite bière bien fraîche, ça glisse tout seul ! J'avoue avoir perdu le compte des verres, mais je me surprends, ces dernière années, à avoir une plus grande résistance qu'autrefois et en tout cas, à ne pas chercher l'ivresse: c'est encore plus grisant de faire les choses en pleine lucidité, et puis surtout on n'a pas besoin d'une semaine pour s'en remettre ! :-)
Ah et puis quand on est déguisé, il y a le plaisir de balancer un max de confettis sur des gens qu'on reconnait et qui, eux, ne nous reconnaissent pas et ça, je dois dire que je ne m'en suis pas privé.
Bref, en conclusion, ce carnaval, c'était super !

Les fêtes de village, c'est encore autre chose. C'est boire, bien sûr, et comme me disaient mes amis, c'est aussi l'occasion et le plaisir de retrouver, entre deux verres, des connaissances perdues de vue: le copain d'enfance, l'ancien adversaire du rugby, ceux avec qui on a fait carnaval autrefois... Il y a tout un tissu amical qu'on n'a plus guère, dans les villes...
J'ai été émerveillé ces derniers étés, de voir les jeunes du village, réunis en comité des fêtes, organiser lesdites fêtes et notamment le repas des villageois: ils prennent leur rôle très au sérieux, sont gentils, polis, et s'activent, préparent, servent les gens, le tout, dans une franche rigolade, n'hésitant pas à s'interrompre un instant pour quelques pas d'un rock endiablé. Ces gamins qui commencent à ne plus en être, se connaissent tous, car ils se fréquentent depuis longtemps: le village est petit, ils ont fréquenté la même école communale, leurs parents sont amis, voire cousins (c'est fou ce qu'il y a comme cousins !!!), ils ont joué au rugby ensemble, bref, une belle petite communauté bien soudée qui fait plaisir à voir.

C'est tout ça qui fait la vie...pas la peine d'aller au bout du monde.