Ce matin, le ciel était si bleu que cela invitait à la promenade. Aussi, après avoir rempli quelques obligations, je partis de chez moi à pied pour une petite balade à la campagne. Le fond de l'air était frais mais le soleil réchauffait la peau.
La montagne se détachait sur le ciel avec déjà de ci, de là, quelques reflets roux de l'automne.
Je m'arrêtai un instant pour contempler les sommets. Je pouvais les nommer pour la plupart, mais j'hésitais encore sur certains, et quand à d'autres encore, leur nom m'était inconnu. Je me promis, comme bien des fois auparavant, de revenir avec une carte et ma boussole: cela fait des années que je me dis cela et finalement, je ne le fais jamais !
Je crois qu'il existe aujourd'hui quelques applications mobiles permettant de visualiser les sommets avec leur nom ? C'est un bon marché : aujourd'hui les gens ne veulent plus se donner la peine, même si ce n'est guère compliqué, vu qu'il suffit de faire quelques relevés à la boussole pour trouver les noms. Curieusement, je retiens plus facilement le nom des montagnes que j'ai gravies que les autres, est-ce bien logique puisque lorsqu'on est sur un sommet, on ne voit pas sa forme caractéristique ?
Je contemple, et mon esprit vagabonde: il me revient que j'avais quelques projets quand à ce sommet là-bas... oh et puis ce petit pointu ? Je l'ai grimpé et m'y revois. L'envie me vient de rentrer chez moi, prendre ma voiture afin d'aller à son pied et retrouver certaines sensations de ce jour-là... Et puis non: il est un peu tard pour cela; une autre fois. Qui plus est, depuis qu'il m'est arrivé quelques soucis de santé, j'hésite à partir seul un peu loin, même s'il n'y a aucune difficulté, et que je dispose d'un téléphone que j'emmène partout avec moi.
Je reprends ma marche.
Là-bas vers l'est, je devine l'antenne qui luit au sommet du Pic du Midi de Bigorre, ce pic devant lequel je suis né, il y a.... je préfère ne pas compter.
Je me retrouve à présent sur la route entre deux champs de maïs. Celui-ci fait plus de deux mètres de haut, et commence à flétrir. Sur les bas-côtés, l'herbe verte vient d'être fauchée, j'y distingue quelques petits diamants de rosée. Je ne sais pas trop ce que cela m'évoque: des souvenirs affluent, trop fugaces pour que j'arrive à me rappeler exactement où était ce coin auquel je pense, ou celui-ci, ou celui-ci encore ? Je ne me rappelle que d'une chose, une sensation de bonheur, comme à présent: je marche dans un endroit désert de la campagne, le soleil me chauffe le dos, un petit air me rafraîchit le visage, je sens mes muscles qui bougent, je n'ai mal nulle part, de bonnes odeurs de ferme m'arrivent aux narines, je suis vivant, je suis bien, La vie est belle.